12/01/2009

Ressac sur valet


222 commentaires:

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HK/LR a dit…

je suggère cet incipit torride :
"Longtemps je me suis couché de bonne heure en pyjama pilou-pilou"

Querozenn a dit…

Parfait,
Ashcaëlair (tu ne t'appelais pas Ashcaërelle jadis ? C'est moi qui ai toujours mal lu ?) a lancé le cadavre exquis.

Moi j'ai fait mon job :
j'ai mis un heure à faire un faux livre des éditions de Minuit,
maintenant à vous de bosser.

j'attends la suite.
Gaïd, là-bas, au fond de la classe, je ne vous entends jamais. pourtant je sais que vous écrivez fort bien.
Grosmik, j'attends également votre phrase de Ressac sur valet.
Samuel, nouveau arrivé ici, également. ETc

Anonyme a dit…

Mais où est-ce que t'as trouvé ce titre ?

Querozenn a dit…

Il est le produit de ces deux occurrences :
a. Sarah avait trouvé un beau son de ressac sur galet.
b. Une langue a fourché

Unknown a dit…

Avant de continuer ce cadavre exquis, n'oublions pas le titre du chapitre 1 : LES LAMES BRISÉES
Je reprends donc : "Longtemps je me suis couché de bonne heure en pyjama pilou-pilou. J'écoutais le ressac sur la plage de Valet, imaginant avec délice les lames se briser sur les rochers à mille milles de toute terre habitée."

Anonyme a dit…

... Quand je me sens des plis amers autour de la bouche, quand mon âme est un bruineux et dégoulinant novembre, quand je me surprends arrêté devant une boutique de pompes funèbres ou suivant chaque enterrement que je rencontre, et surtout lorsque mon cafard prend tellement le dessus que je dois me tenir à quatre pattes pour ne pas, délibérément, descendre dans la rue pour y envoyer dinguer les chapeaux des gens, je comprends alors qu'il est grand temps de prendre le large.

Anonyme a dit…

Chapitre 2 : PLAN CULINAIRE
J'étais toujours dans cette position, à quatre pattes au milieu de ce cloaque parisien, les genoux rosis par le contact avec le plancher décrépit, quand je tombai soudain nez à nez avec une fiche-recette qui avait dû s'échapper du dernier Figaro-Madame de la dernière femme à avoir claqué la porte de mon appartement.

Du bout de l'index, je balaie la poussière qui recouvre l'imprimé ; il est écrit "Poularde au cidre farcie aux pruneaux". Je sens une goutte de sueur perler sous mon aisselle droite ; je poursuis avidement : "ouvrez la poularde, retirez-en les abats que vous hachez et malaxez soigneusement avec la chair à saucisse(...)faites tremper la mie de pain dans le lait. Préchauffez le four à 180°c(...) Fourrez la poularde avec cette farce et recousez l'ouverture. Beurrez-la et mettez-la au four(...)Arrosez-la souvent du jus rendu(...)"

J'étais en nage, tremblant, incapable d'aller au bout de ma lecture, mes yeux descendirent alors à l'illustration de la recette, et je souillai mon pyjama pilou-pilou.

Anonyme a dit…

Cependant... j'avais cru sentir l'approche... Mais pourquoi viendrait-Il ? D'ailleurs, est-ce que je ne connais pas ces artifices ? J'ai repoussé le monstrueux anachorète qui m'offrait en riant, des petits pains chauds, le centaure qui tâchait de me prendre sur sa croupe, - et cet enfant noir apparu au milieu des sables, qui était très beau, et qui m'a dit s'appeler l'esprit de fornication.

HK/LR a dit…

Je me réveillai en sursaut , en sueur et toujours en pyjama pilou pilou . Quelle horreur ! promis juré je ne mangerai plus tant le soir ! Ishmael et Saint Antoine et Madame Figaro dans le même bateau même pas ivre c’est trop ! Pour un peu j’allais me prendre pour Moby Dick , le Captain Nemo et Madame Bovary ! Il faudrait peut-être que j’arrête aussi de lire . De manger trop lourd le soir et de lire avant de m’endormir .
Dehors la mer continuait de racler son crincrin sur les galets de la plage . C’est chiant la mer !
Si je devais me priver des plaisirs de la bouche et des livres, mon séjour à Valet Plage allait devenir franchement pénible . Mais quelle idée bon dieu d’être venu m'enterrer ici ?

Anonyme a dit…

Chapitre 3. USUAL MORNING SHIT

J'aperçu un jeune éphèbe en short, avec un tee-shirt "Usual Morning Shit" qui faisait son footing. Il ressemblait de loin à Clarck Gable sans sa moustache, une paire de lunettes de soleil en plus. Son chemin trottinant le fit s'arrêter devant moi. On aurait dit une taupe avec la gueule à Tapie.
Chié. J'avais foiré la poularde, je devais maintenant me cogner le dindon de la farce.

Anonyme a dit…

Et c'est ce moment précis que choisit Marie-Tonnerre pour faire son entrée fracassante dans ma vie, plus précisément : dans mon pyjama en poil de moumoute. Au volant d'un sous-marin de plaisance de premier choix. La Taupe Tapie en resta toute baba, éberluée, coite. Valet Plage toute entière en fit autant. Le simili Clark Gable, hagard et tant bien que mal, articula alors d'une voix sourde ces quelques mots :

Anonyme a dit…

"Alors ça, alors ça, c'est à peine croyable: un sous-marin avec un volant..."
Manifestement, l'ersatz cinématographique à tête de taupe -à l'instar des quelques milliers de badauds venus pour l'occasion- n'en croyait pas ses mirettes.
La pétulante Marie-Tonnerre fit alors une entrée remarquée sur la plage de Valet, en ce 28 avril 1982, un mercredi je crois, en sortant gracieusement de son submersible King Size, et exhibant fièrement le fameux contrat, dont j'ignorais encore l'existence, virgule, mais qui, allais-je l'apprendre par la suite, nous liait à jamais.
L'homme-taupe s’en alla plonger et on ne le revit presque jamais, hormis au chapître 5.

Anonyme a dit…

"Il doit y avoir erreur !", cria la mouette qui me servait depuis quelques jours de psychanalyste.
Faisant taire en moi cet ultime relent de couardise, je décidai d'offrir à l'inconnue un accueil digne de son sublime appareillage.

"C'est à quel sujet ?" lançai-je d'un ton vaguement océanique, comme si les sous-marins avaient toujours eu des volants.

Anonyme a dit…

- Mes hommages Madame !
- Non, monsieur. Corrigeais-je d'un air détendu.
- Pardon. Monsieur. C'est au sujet de la République.

HK/LR a dit…

TROP ! c'était trop ! ("assez , assez et même trop" me recitai-je , me souvenant d'un coup de cette phrase laissée par Crevel avant son suicide) .
Je fermai les yeux et me massai lentement les tempes en murmurant - véritable vocifération intérieure en réalité - "VOS GUEULES LES MOUETTES !" . j'attendis quelques minutes puis rouvris précautionneusement les paupières . Ouf ! ne restait que la mer et son bombinement agaçant de vieille mouche obsédée .
Cela me parut finalement supportable .
Un jour nouveau commençait .
A Vallet Plage .
Il allait falloir faire avec.
J'otai mon pyjama en guise de grande décision existentielle .

Anonyme a dit…

chapitre 4 : BOUCHERIE

J'avais la dalle. La poularde depuis longtemps ensevelie, je descendai jusqu'au comptoir du plus proche trippailleur. Quelle ne fut pas ma surprise - alors que je reluquais avidemment la croupe d'un jambon rose - de découvrir que le boucher répondait au nom de Robert Bresson. Mon cousin avait visiblement changé de vocation, pour se reconvertir dans la charcute. Je ne pouvais plus faire marche arrière, la vieille de devant ayant fini de chercher sa petite monnaie, ses boudins juteux emballés soigneusement dans ce qui ressemblait à s'y méprendre au slip kangourou que j'avais perdu dans ma petite enfance ici même, sur la plage de Valet.

Anonyme a dit…

Chapitre 5 : COMMENT L'HOMME-TAUPE QUI N'APPARAÎTRA PLUS APRÈS CE CHAPITRE (à part dans l'épilogue) AVEC MOI ÉPONGEA SA FAIM

Unknown a dit…

Comme on s'en doute, je cherchai une cachette pour manger en paix ces boudins noirs et blancs si chèrement obtenus - il faut dire que, n'ayant pas souhaité être reconnu en flagrant délit par un membre de ma famille, je m'étais présenté au comptoir déguisé en vieillard et que, subséquemment, je souffrais d'un lumbago -. Haletant, donc, plié en deux, tandis que je m'accroupissai derrière un rocher surplombant la plage de Valet, je reconnu l'homme-taupe. Par signe, il m'indiqua qu'il avait faim. Mais à peine son premier boudin englouti, il tomba raide sur le sol.
Il était mort, en fait.

Anonyme a dit…

mon dieu, vient de lire tous les commentaires... de voir toutes les pages de carnet non lues... vous êtes tous fous, à enfermer. c'est génial! vous me garder une petite place dans votre asile? quelques cachetons à macher ensemble, des verne jules à se repasser en boucle, des mains folles pour racler le plancher de nos caboches en trop plein de mots... frappons nous la tête contre les murs ensemble!!!! vous me manquiez, vous revoilà...

Anonyme a dit…

Lança Marie-Tonerre à la foule hébétée, et ses mots résonnaient, se bousculaient, s’entremêlaient dans ces milliers d’oreilles tout ouies. On entendit alors un premier cri. Une sorte de glouglou qui vient du ventre, monte au thorax, râpe la gorge et s’échappe comme un vaurien qui aurait barboté un boudin. J’hésitais entre le cri d’extase furieuse, sorte de rage orgasmique frénétique, témoin involontaire et réprimé d’une joie intense, et cri d’épouvante et colère mêlées, rentrées, étouffées et ça se débat là-dedans, tu retiens, ça fait mal nom de Dieu et y a tout qui sort, tu peux rien faire.
Glouglou, donc.
Je n’ai pas eu le temps de penser ni à ce fameux carnet aux pages non lues, contrat mystérieux aux commentaires obscurs, et pour lequel j’attends encore la clé, ni à la mort prématurée de ce pauvre Clarky.
Le deuxième cri effroyable déchire le silence de la petite cité balnéaire. Suivent alors un troisième, puis un quatrième cri, tous toujours plus vifs, plus assourdissants. Cinq, six, dix, cinquante, trois cent, quatre mille…en tout sept mille sept cent vingt-huit types qui dégobillent leurs tripes en éructant de plaisir, je te raconte pas le bordel sur la plage.
Et aucun mur pour se frapper la tête.

Anonyme a dit…

GLUOGLUOUOUOUOLGLGLGLOOOUUUU ! Aucun habitant de Valet n'était épargné. Partant de la plage, la convulsive délivrance avait rapidement gagné le centre ville, pour s'étendre ensuite à toute l'agglomération, générant une onde sonore curieuse qui se déploya au dessus de la ville. Les bruits intestinaux se mêlaient aux hurlements désespérés, les barrissements s'accouplaient aux ânonnements hystériques, les râles lancés à tout va fusionnaient avec les énonciations stridentes de listes de matériel informatique, et quelques rares cris de joie scintillaient encore ça et là, le tout dans une symbiose étonnante, un échange d'une générosité inouïe, un contrepoint sublime au groove infini, comme la symphonie glorieuse d'une communion enfin retrouvée !

Anonyme a dit…

Suite à ce délire post-traumatique consécutif à la disparition d'un pauvre type pour lequel je commençais à ressentir de la sympathie, un détail curieux me sauta soudain aux yeux. Mon pote refroidi le topinambour portait des birkenstock, et tenait dans sa main droite une part de flan. En m'approchant un peu plus de sa dépouille qui sentait déjà le boudin, je fis encore une découverte stupéfiante. Durant sa rapide mais bruyante agonie, il avait tracé ces quelques mots dans le sable où son majeur était encore enfoui :

Anonyme a dit…

CLARKY M'A TUER

À minuit,

HK/LR a dit…

plongé dans un état quasi catatonique je ne vis pas s'approcher l'homme qui soudain se matérialisa devant moi comme par magie . D'une de ces voix qu'on dit "de rogomme" il dit :
"Bonjour ! je suis le commissaire Magret ."
"Manquait plus que ça " eus-je le temps de penser avant d'éclater d'un rire plus nerveux qu'une jeune mariée d'antan le soir de ses noces .

Anonyme a dit…

, le commissaire Magret avait bouclé le secteur et passait le lieu du crime au peigne fin. J'avais réussi à m'esquiver, parvenant fort heureusement à sauver la part de flan des mains de la Taupe. Je décidai de mener mon enquête. Un silence de mort régnait dans les rues de Valet cette nuit-là, ainsi qu'une odeur de boudin persistante. J'errai dans la ville, dégustant le flan du mort, qui s'avéra être un délice. La phrase laissée par Tapie ne collait pas : il ne pouvait s'agir d'un suicide. Quant aux sandales, elles n'auguraient rien de bon : cela sentait le terroriste allemand anarcho-autonome,prêt à tout pour faire péter le monde. C'est alors que mon regard fut attiré par une lanterne rouge, signalant une échoppe : " TIR'O FLAN, Sex Shop". Je décidai d'aller y jeter un coup d'oeil.

Anonyme a dit…

Je surpris deux hommes en grande conversation. Visiblement gênés par mon arrivée, ils coupèrent cours à la discussion. L'un des deux, grand blond aux yeux noisettes, se mit à m'examiner scrupuleusement.
"C'est à quel sujet ?"
La phrase résonna dans ma tête. Ca ne sonnait pas vraiment comme une invitation à la débauche... Je résolus de laisser libre cours à mon intuition.
"Je viens pour le boudin..."
A ces mots, le deuxième homme, petit brun aux yeux huître, sursauta.
"- Combien ?
- Montrez-moi tout !"
Les deux larrons pâlirent. J'étais sur la bonne piste.

HK/LR a dit…

Malheureusement, à cet instant précis la porte d'entrée - en verre dépoli vaguement fushia - fut violemment ouverte et j'ouïs à nouveau la voix de rogomme qui précisa , inutilement pour moi , "Commissaire Magret pour ne pas vous servir mais pour vous poser quelques questions . Messieurs on ne bouge même pas l'auriculaire gauche . On se fige ! on se statufie ! "
Le Sex shop s'emplit d'une dizaine de poulets .
L'un d'entre eux éternua .

Unknown a dit…

"Déshabillez-vous !" ordonna le commissaire, la pipe à la bouche, le verre à la main.
Ca a commencé comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit. Rien.

Anonyme a dit…

Pourtant c'était bien moi qui était sommé de me mettre à nu, ce qui ne m'excitait guère vu le contexte.

Je m'exécutai à regrets, repensant à toutes les belles années qui s'étaient écoulées depuis ma rupture définitive avec le go-go dancing, tandis que les deux zozos faisaient de même.

Le commissaire Magret ne faisait que son boulot, après tout... C'est d'ailleurs sur un ton tout à fait professionnel qu'il s'exclama quand il découvrit, caché dans ma chaussette droite, un étrange paquet que je ne me rappelais pas avoir oublié là.

Anonyme a dit…

Un paquet de chips.

Anonyme a dit…

Des chips au Paprika réduites en miettes à coup de talon. Non content de me voir obsessionnellement troublé, le commissaire Magret entreprit d'ouvrir le petit emballage d'aluminium. C'est ainsi qu'il déversa sur le comptoir du sex shop, entre un god en latex vert et une culotte comestible, ce petit tas de pomme de terre réduites en poussière entourée d'un nuage de paprika.
Etonnamment cela me fit plaisir. D'ordinaire je n'ouvre pas les sachets de chips, je les laisse dans mes chaussettes. Mais en transgressant ainsi les conventions que j'ai mis des années à établir, le commissaire magret provoqua en moi une sourde prise de conscience. Ce tumulus de chips, pyramide parfaite et grasse, ce résidu de charlotte, cet amas de particule me sembla tout à coup élémentaire !

HK/LR a dit…

"Inspecteur Buré , vous qui avez été aux Stups v'nez voir ça !" injoncta Magret dans un nuage de fumée âcre.
Le dit Buré , un gros homme à la trogne rubiconde et joviale s'approcha.il saisit délicatement entre deux doigts boudinés une des petites culottes , couleur - et peut être goût - fraise .
"Non Buré non ! la poudre !"
L'inspecteur gonfla sa poitrine , prit son souffle et respira à pleins naseaux le petit tas suspect.
"Alors Buré ? votre verdict ?"
"Paprika et chaussette sale m'sieur l'commissaire"
Puis il éternua véhémentement ;

Anonyme a dit…

"Vous manquez définitivement de perspicacité mon vieux. Un conseil d'ami : arrêtez de boire. Ce que vous avez sous les yeux, ce n'est ni plus ni moins le produit des serres à narco-flans que la police municipale de Valet a découvertes avant-hier au soir. "
Puis, se retournant vers moi :
"

Anonyme a dit…

"Monsieur va maintenant nous faire le plaisir de nous parler de son goût pour les chips au paprika et les sex-shops au nom ridicule !"

Les propriétaires du lieu protestèrent vivement. On les fit taire à l'aide de culottes habilement introduites entre leurs maxilaires.

J'étais moi-même révolté contre ce commissaire colvert qui se prenait pour le chef de toute la basse-cour.

"Tous les sex-shop ont des noms ridicules, c'est bien connu."

A ces mots âprement prononcés, toute la batterie de poulets se rua sur moi à tire d'ailes, et je perdis connaissance.

Anonyme a dit…

Il fait noir et mes oreilles bourdonnent comme pas deux. Il faut pourtant que je réussisse à ouvrir les mirettes. Merde ! Mes poignets sont douloureux et mes paluches entravées dans mon dos - par un lien un peu particulier, on dirait de la dentelle. Un string ?
J'ouvre. Brouillard.
Et ben merde, v'là autre chose. Il n'y a plus de poulets, plus de Magret. Au lieu de ça, les deux molosses du Sex-shop, goguenards, qui s'enfilent un saladier de flan à la paille. L'un deux me susurre alors : "alors, mon p'tit pote, toujours intéressé par le boudin ?". Je m'apprête à lui cracher à la gueule, quand tout à coup

Anonyme a dit…

le deuxième type aspire un grumeau de flan qui lui coupe la respiration.

Anonyme a dit…

Le commissaire Magret tiquait. C'était inouï et étrange : Clarky était mort avant d'avoir tué.

Chapitre 6 : MYSTÈRE SUR VALET, IL EST TEMPS.

HK/LR a dit…

J'avais dû retomber dans les pommes (l n'y en avait pourtant pas dans le flan fatal, mais peut être dans le boudin) . J'emergeai lentement , façon Martin Sheen sortant de la rivière embrumée dans un plan fameux d'Apocalypse Now .
"Horror horror horror" eus-je envie de borborygmer à la Kurtz , mais une embrouillaminis de paroles coupa net mon élan shakespearien .
"...il ne fait aucun doute que dans un avenir proche les nano-bio-technologies assistées par informatique à infra-rose et ultra-fushia permettront de ..."
Ces profondes vérités provenaient sans doute d'un poste de radio ou d'une télé .
J'avais un mal de crâne terrifiant et une véhémente envie d'uriner .
Où étais je ? aucune idée .
Mais toujours à poils .Je fermai les yeux et tentai de visualiser intérieurement mon pyjama en pilou pilou :peau de balle ! macache wallou ! ça ne marchait pas . Je me les caillais .

Anonyme a dit…

Comme me l'avait conseillé ma thérapeute sophrologue, j'essayais d'imaginer un endroit o?u il fait chaud. Curieusement, je m'imaginais dans un hammam Félinien, entouré de Vénus Callipyges, c'était une image de film. Est-ce qu'une image suffit à réchauffer un homme nu ? Est-ce qu'on peut se draper d'un rêve ?

Anonyme a dit…

C'est alors qu'apparut devant mes yeux un petit homme très poilu, nu lui aussi. Avec un fort accent espagnol, il me cria : "Je suis Vrakoslav Bazarov, mais appelle moi Vraky. C'est Marie-Tonnerre qui m'envoie. T'es sur une mauvaise piste, mon pote. Ecoute, c'est l'indépendance de la Transnistrie qui est en jeu, alors fais pas tout foirer. RELIS TON CONTRAT !"

Anonyme a dit…

Mon contrat, mon contrat ! Procrastinateur de merde que je suis, si je lisais mes contrats ça se saurait, si je payais mes factures aussi ! Et je ne parle pas de soigner mes fractures ! Bordel, il doit bien voir ce nain que je suis nu, et que ma tenue d'Adam n'a pas de poche ! Crasse, j'ai envie d'hurler, d'injurier, j'ai envie de me couvrir de boue, de neige fondue, de balivernes et de foutre. Je me fous de la lettre, je veux du ressenti, je veux ouvrir les yeux et la voir. Je veux tendre la main et la toucher. Je veux presser ma langue contre son sexe. Je veux qu'elle murmure à voix douce. Je ne suis pas le coeur d'une enquête, je suis en quête de coeur.

Anonyme a dit…

Les affres d'un trou sans fin me firent frémir. Je m'imaginais bouteille dans un Valhalla spongieux.

Une vision cauchemardesque me remit soudain les yeux en face des orifices.

Derrière Vrakoslav, à deux pas d'un poster de Klaus Kinski période western spaghetti, je reconnus la charogne déjà fort avariée de la mégère au boudin.
Oui. La vieille de la boucherie Bresson gisait là, mon slip d'adolescent vissé sur la tête, l'index de sa main droite ignomineusement dirigé vers mes roubignolles, affreuse apparition que je pris - il est vrai - un instant pour l'un de mes délicieux phantasmes.

Unknown a dit…

- Tonnerre de Brest ! Où est Magret ?
- Aux toilettes, répondit Vrakoslav
- Le Sapajou ! Il trempe donc dans l'affaire ?
- Disons qu'on l'a arrosé.
Ca devenait obsène. Les images refluaient, entêtantes.
- Qu'allez-vous faire de moi, mille sabords ?
J'avais la gorge sèche. Je pensais à Clarky. J'avais vu le pauvre bougre dans bien des films, notamment dans AUTANT EN EMPORTE LA VAGUE, ce chef-d'oeuvre du film de surf avec Scarole O'Bama. L'idée de ne jamais connaître la fin de l'histoire me révoltait, car l'opus suivant était en cours de tournage.

Anonyme a dit…

Le commissaire Magret sortit des ouatères en remontant sa braguette, rotant l'aftershave qu'il venait d'ingurgiter en cachette.

- De Dieu !

fit-il, tel Saint Georges triomphant du dragon,

- J'ai repeint les closets au bleu de méthylène.

Sans dec. Le mépris que m'inspirait cet inspecteur de province n'avait plus de limite. Je n'y tenais plus, débordé par une rage incommensurable.

- Eh, ducon ! Tu veux que je t'apporte du papier ?

Le sourire crétin du poulet demeuré s'effaça en un instant. Il sortit de sa poche revolver une immense matraque en forme de pénis humain qu'il avait dérobé au sex-shop.

Anonyme a dit…

- Fais attention petit, tu es déjà nu et rien ne peut te sauver, j'ai cette matraque de jouissance dans la main, et comme tu peux le constater, c'est du king size. Le grand schtroumph à côté c'est une paquerette...

HK/LR a dit…

"Meme pas peur!" tentai-je de frmer mollement. "je déteste les paquerettes . J'aime mieux les marguerites . Z'avez vu "la vache et le prisonnier m'sieur l'commissaire?"
D'un mouvement étonnamment fluide pour un homme de sa corpulence Magret m'assena un coup de son engoin curieux et néanmoins contondant dans les roubignolles .
Ce genre de choc vous rend brutalement conscience de la fragilité de la condition humaine et du peu d'importance de vos connaissances cinéphiliques .
Médiocrité du scénario et des dialogues je ne sus que pousser un meuglement de douleur et me replier en position dite foetale .
Magret ricanait : "Alors petiot ? on a bobo aux dents de sagesse ?"
Et dire que j'étais venu à Vallet sur Plage - soudain flash mémoriel incongru - que pour un repérage pour un documentaire de 4'45 consacré à l'élevage des cochons de lait , une spécialité locale.

Unknown a dit…

Je vais entrer ici dans le vif du sujet, sans autre forme de procès. L'Assistant, au jardin d'acclimatation, qui s'intéresse aux pythons, m'avait dit : - Je vous encourage fermement à continuer, Cousin. Mettez tout cela par écrit, sans rien cacher, car rien n'est plus émouvant que l'expérience vécue et l'observation directe.
On conviendra que mon expérience chez les traficants de narco-flans, si elle ne valait pas la peine d'être vécue, méritait qu'on la raconte.

Anonyme a dit…

-Stop stop stop stop meugla Magret.
Je ne comprends rien! Eut-il le courage d’avouer.
Assurément, il voulait me coincer. Pour quel crime ? Je l’ignorais. Ce sentiment d’injustice ne m’incitait en tout cas pas à être coopérant. Je décidai donc de mentir sans vergogne à ce gros porc menaçant.
Mon dernier mensonge remontait à mon service militaire, au Cambodge, au sujet du tour de vaisselle :
me sentant découvert, j’avais commencé par ressentir des tremblements (mains, pieds, bras et jambes), puis des bouffées de chaleur ; mon corps s’était mis à tressauter, un hoquet violent s’était emparé de moi, j’étais tout rouge et en sueur. j’ai fini par m’évanouir en vomissant. Je me suis réveillé à l’hôpital militaire de Phom Penh.
Bref, c’était pas gagné.
-Que faisiez- vous au moment du meurtre ? lâcha-t-il.
-La Libye
-Oui, bon, et alors ?C’est ce que je vous demande
-Je faisais la Libye, m’sieur.
-Commissaire. Commissaire Divisionnaire !
-J’étais en vacances, visionnaire.
-…Bon. Ton alibi, c’est de la chiotte, sale petit con. Mais tu es bon acteur. J’aime ça. Mon dada, si tu veux savoir, c’est le septième art. T’as l’air de connaître ça, petit merdeux.
-Moi, mon truc c’est plutôt l’art. L’art astrait.
-L’art aBstrait
-…Non,non. Juste l’art astrait et un peu le mouvement dada.
-Hin hin. T’es un malin toi. Tu me fait penser à Roger Thornhill, alias George Kaplan, dans La Mort aux Frousses, de Sir Alfred Hitchcock
-Non, non, on dit Sir Alec Guinnes, comme on dit Sir Emmanuelle, mais pas Sir Hitchcock.
-Ah ben si. Là, tu te trompes.
-Ah bon ? Pourtant je…Ah oui, peut-être.

Anonyme a dit…

L'émissaire de la police, le brutal Magret, trébucha sur mon porte feuille. La valse des objets était pour ainsi dire folle.

Anonyme a dit…

On aurait dit les neurones disjonctées d'une poularde devant une part de flan.

Anonyme a dit…

La chute de Magret s'accompagna donc d'une envolée lyrique d'objets précédemment dissimulés dans les poches de son imperméable. J'en dénombrais 182, parmi lesquels :
- un trousseau de clefs en plastique
- une brosse à hamster
- quatre endives au jambon surgelées
- deux piles LR6
- sept clous
- sept photos de clous
- deux photos de mode
- une photo de lui
- une photo de nous (tiens !)
- un imperméable de rechange
- un petit bout de scotch vert

Mes yeux ébahis eurent cependant vite fait d'extraire de cette amoncellement l'objet le plus précieux du catalogue, à savoir : le DVD d'une émission culinaire consacrée à la préparation du flan au boudin.

Diantre !

Anonyme a dit…

Le corps inerte du flic reposait près de moi. Fébrilement, j'ouvrai la boite en plastique noir, autant intrigué par cette étrange corrélation que désireux de connaître enfin la recette qui fait la joie des petits et des grands. Délivrant le disque circulaire de son écrin en plastoc, j'eus la surprise de voir quelques résidus de chips, dont la senteur m'évoquait instantanément le paprika (tiens donc!) et surtout: un post-it jaune à moitié décollé sur lequel était écrit "à ne pas montrer à la défense. Taupe-secret"

Anonyme a dit…

CHAPITRE 7 : SALADE TOMATE OIGNON

J'essayais de résumer la situation tandis que je m'apprêtais à insérer le dvd dans mon lecteur portable. J'avais réussi à m'extirper de la cave par miracle, aidé par Vrakoslav qui avait décidé de me filer un coup de main. Alors qu'il retournait sa veste, je remarquais au passage que le nain poilu était également manchot. C'est un fait suffisament extraordinaire pour être signalé.
En sortant de l'antre où je laissais derrière moi deux cadavres (la vieille au boudin et l'inspecteur Magret, mortellement touché lors de son vol plané fatal, sa tête ayant - quelle poisse - atteri sur les septs clous), j'avais eu comme un petit creux. J'avais récuppéré mon slip d'enfance - ma madeleine à moi - sur la tête de la mégère définitivement apprivoisée, histoire de ne pas laisser d'indices compromettant sur les lieux d'un double assassinat.
Une sandwicherie turque faisait l'angle. Ni une, ni deux, j'avais commandé un kebab royal.
J'étais maintenant assis sur mon canapé en velours marron, dégustant le sandwich graisseux. L'espace d'un instant, je fus submergé par un sentiment de bien-être, laissant derrière moi tous les soucis et souvenirs ignobles de ces dernières heures.
La harissa me détendait la gorge.
J'appuyai sur la touche Play du lecteur portable.

Anonyme a dit…

La voix de Jean Pierre Phoque m'écorcha d'entrée les tympans. "Tenez bien le boudin par les oreilles, et tirez, jusqu'à ce qu'il rende l'âme. Faites le fondre au bain marie, avec un zeste de quenelle, et une pointe de vinaigre d'Ottawa. Et surtout n'oubliez pas le cacao ! Pour finir, malaxez doucement avec de la poudre de flan, et nappez d'huile de foie de morue. C'est prêt ! Avec un verre de Suze, c'est un délice."
Le problème, ami lecteur, c'est que les images qui s'offraient à moi ne correspondaient en rien à la bande son. Totalement horrifié, je découvris des images d'une rare cruauté :

Anonyme a dit…

Je n'eus que le temps de lire l'avertissement : "Ce vidéogramme strictement réservé à un usage privé(...)peut heurter la sensibilité des jeunes publics"... J'en savais assez ! J'arrêtai la lecture et sautai sur mes pieds, encore un peu groggy mais bien décidé à en découdre avec cette poularde farcie que la regrettable et faisandée mégère avait délibérément oubliée sur la table basse du salon. D'un bond, j'étais devant ma kitchenette, deux temps et trois mouvements plus tard j'en revenais les bras chargés de matériel chirurgical. "Bouge pas, ma poule, on va se faire un gros câlin ! " me surpris-je à éructer – au mépris de la plus élémentaire prudence – tandis que j'entamai d'une caresse verticale de mon surin le croupion de la volaille. Mon flair, cette fois encore, ne m'avait pas trompé : du milieu de la migaine tiède et grasse qui s'effondrait sur mes doigts, surgit une webcam en état de marche.

HK/LR a dit…

j'extirpai la micro camera de sa cachette et la posai avec précaution sur la table ; après uninstant d'hésitation je me plaçai devant l'objectif , un sourire torve aux lèvres .
"Madame Monsieur bonsoir ! en ouverture de notre JT un reportage exclusif : les soldes ont commencé aujourd'hui chez les commerçants de Vallet sur Plage ! scènes d'hystérie au "Chic Parisien" , trois clientes en sont venues aux mains pour s'arracher le dernier pyjama en pilou pilou disponible !la patronne du magasin a eu deux dents cassées en voulant intervenir"

Anonyme a dit…

-Continuez continuez, ne vous arrêtez pas pour moi.
Cette phrase me fit bondir. Je connaissais cette voix.
Me retournant lentement, je découvris ce sacré Vraky, qui, je le découvrai, m’avait suivi.
-Vous faites bien le journaliste, avec vos soldes et tout, waow on s’y croirait.
-Mais je suis journaliste, mon brave et fidèle Vraky. Journaliste animalier plus exactement.
A ce moment même je remarquai avec frayeur, là, sur le nain disgracieux, deux bras à l’emplacement exact où deux bras viennent se loger habituellement sur un corps normal.
-Eh oui. Je ne suis pas Vraky. Je suis Vrika, son frère jumeau et ennemi mortel, et tu vas payer pour la sympathie que tu lui portes.

Pause. Je veux une pause. Je veux faire mon documentaire sur les cochons et partir. Partir.

-Mais non, en fait, c’est des prothèses.
-Pardon ?
-Ben quoi, je voulais rigoler, quoi.
-Vraky ?
-Ben oui
Mon sourire un peu amer vint répondre au sien, un peu honteux.

Anonyme a dit…

La soirée se poursuivit sans incident notable, la poularde fut exquise, et mon nouvel équipier me fit bien rire en me racontant des blagues sur les nains, les manchots et les Bretons.

Une fois ce second repas ingurgité, je me sentis mieux. Certains détails de la journée restaient pourtant mystérieux : qu'étaient devenus les deux types du sex-shop ? Qui allait doubler Clarky dans la suite de la saga des Van Gluten ? Comment peut-on boire de la Suze en mangeant du flan au boudin ?

Toutes ces questions auraient pu exciter ma curiosité, mais bizarrement, elles se mirent à me gonfler. Elles s'évaporèrent d'ailleurs en une seconde, balayées par une pulsion brutale, un désir irrépressible et incommensurable, un appel dont les racines puisaient aux lointaines origines de mon espèce : j'eus envie d'un dessert.

Anonyme a dit…

Derrière, se fût une soirée mémorable. Celle où l'on ne s'arrête que pour se resservir un verre.
Après quelques religieuses, nous nous enfilâmes loukoum, cigares, paris-brest et spécialités locales, les fameuses Valet-Bière-Sucre, qui sont une sorte de trou normand. J'étais excité comme un adolescent prépubère.
Le lendemain matin, je me réveillai en sursaut, perturbé par un gaz intempestif dont la modulation semblait l'ouverture de Fidelio du regretté Ludwig.
Heureux qui comme Ulysse, mon acolyte ronflait contre mon aisselle. Je courus aux toilettes (j'eu une pensée émue pour ce jean-foutre de Magret), et tirai la chasse.
Une nouvelle journée commençait. Celle qui devait voir le couronnement du suppot de Valet.

Anonyme a dit…

Je suis horrifié par l'introduction du message précedent. L'auteur ne devrait pas confondre vitesse et précipitation.

Unknown a dit…

CHAPITRE 8 : TRAFIC CHEZ LES TROUFFIONS

Trois coups frappés à la porte me firent tressaillir : J'avais enfin trouvé l'amour. Ne serai-je donc jamais tranquille ?
J'ouvris sans hâte. L'homme qui se tenait devant moi offrait le spectacle d'une sérieuse gueule de bois, mais il était sympathique.
- Nestor Burné, pour vous servir. Je suis détective privé.
- Merci, répondis-je un peu sèchement. On a déjà donné.
- J'enquête sur la disparition du Commissaire Magret.
- Je ne suis pas concerné.
- Pourtant, il vous pistait quand il a disparu.
Que pouvais-je répondre à cela ?
- Bon et bien entrez !
Il jeta un regard vague en direction du lit, mais s'il était surpris par la présence de mon doux nain manchot, il n'en laissa rien paraître.
- Pour tout vous dire, repris Burné, j'ai des doutes sur l'identité du mort.
- Magret ?
- Clarky.
Je me carressais le bouc, perplexe.
- Si ce n'est lui, c'est donc son frère...
Il eut un sifflement admiratif.
Je rosis.

Anonyme a dit…

Magie, Maggy, magie des sens et du souvenir, quand je rosis, je pense à Maggy, ma grand tante, qui oeuvrait autrefois à la télé. Elle était d'un sans gêne. Une sorte de vedette nationale, c'est elle qui m'a présenté tous les otages du liban, tous les journalistes devenus politiciens, toutes les verrues du service public. Sans Rosie, je ne serais jamais devenu journaliste animalier. Je me souviens de l'époque où je sortais la chienne de Michel Drucker. Sans parler, des mes moments de Cat sitting avec la chatte de Béatrice Schönberg... Depuis elle a choisit d'autres élans... Moi, à force de filer du ronron à minette, j'en ai eu envie d'avoir du cochon sous l'objectif.

Anonyme a dit…

Moi, Jean-Louis B, je ne fais rien ces jours ci. On m'a ôté une Valérie du pied, et je m'en retrouve avec mon grand ministère qui grelotte en hiver et grenelle au printemps. Je prierai les documentaristes animaliers et autres amateurs de cochons de lait, de ne pas se méprendre sur la nature de mes intentions.

Si je me trouve ici à Valet, au milieu des bruits de l'océan en furie alors que se déchaîne les trouffions de la presse locale, ce n'est point pour défendre la féline Béatrice, mais bien pour rendre grâce au vaillant commissaire Magret, qui fut le premier à me tendre la pipe.

Anonyme a dit…

Ah ah.
Mon imitation du politocard était vraiment tordante. Burné était plié en quatre.
- Vingt dieux, z-êtes marrant.
- Oui, oui. On me confond souvent avec Jim Carré.
- Ah ah ah. Z-êtes marrant.
- Oui, oui.
- Ah, ah, ah.
- Oui, oui.
- Ah, ah, ah.
Un peu plus tard, Burné me proposa de nous rendre à la morgue.
Fallait vérifier un petit détail pour être sûr de l'identité de l'homme-taupe.

HK/LR a dit…

La morgue je ne connaissais pas .
Il y fait drôlement frisquet;
Sinon ça ressemble à un hall de gare avec des casiers à consignes .
Sauf qu'on ne peut pas y déposer ses bagages . Ni prendre le train .
Et que le chef de gare porte une grande blouse blanche mais pas de casquette.
Un train j'aurais bien eu envie d'en prendre un - même pour Vesoul- plutôt que d'assister à l'ouverture du casier sans consigne par le faux chef de gare . Il prenait tout son temps , j'avais l'impression de regarder un film au ralenti . Pas de touche avance rapide nulle part !
Mais que diantre étais je venu fiche dans cette galère à Valet sur Plage ? Dire que j'aurais pu aller en repérage à Vesoul pour un doc sur les petits chefs de petite gare de province !

Anonyme a dit…

Quand les boîtes à secret de famille sont ouvertes il faut se préparer à regarder les défauts de chacun dans les yeux. Quand on ouvre un casier de la morgue, ça ne sent rien. J'en étais pour ainsi dire déçu. Je pensais que l'odeur de la mort me ferait vomir, comme l'odeur de la nourriture pour chat. Mais non, congelés les arômes s'éteignent et l'on doit faire face à la gueule d'endive du défunt qui ne sent rien.

Anonyme a dit…

Même pas le chicon... ou l'endive si vous préférez.

Anonyme a dit…

-Reconnaissez-vous Clarky, alias l’homme-taupe, alias la tête-à-Tapie ? me demanda solennellement Burné.
Aucun doute. Même avec son teint blafard d’endive au jambon mal cuite, l’ex-jeune (peut-on dire d’un mort qu’il est jeune ?), l’ex-jeune éphèbe donc, se ressemblait trait pour trait.
-Oui, fis-je, pas moins solennellement.
En êtes-vous certain ?
-je reconnais même son T-shirt Usual Morning Truc, excusez mon anglais, il est très mauvais, et son short moulant, ça ne fait pas l’ombre d’un doute.
-En êtes-vous certain ?
-Même ses lunettes, c’est lui tout craché.
-En êtes-vous certain ?
-Ben oui, même son absence de moustache, ça lui ressemble.
-En êtes-vous certain ?
-Vous, vous avez un truc derrière la tête, vous.
-En êtes-vous certain ?
-Mais oui, même son grain de beauté, là, sur la cuisse gauche, c’est exactement lui.
-En êtes-vous certain ?
-Ho mais bon alors, mais oui, je vous jure que c’est lui !
-Observez sa main droite : lui manquait-il une phalange à l'auriculaire ?
-Ha ? Tiens non je..
-Mesurons sa jambe gauche et sa jambe droite. Etaient-elles aussi peu symétriques ?
-Boh, je. bof
-37 cm de différence, quand même. Vous souvenez-vous de ses oreilles ?
-Ah oui très bien. Il n’en avait pas. Ou si peu. Minuscules. C’est même en partie pour ça je crois, qu’on l’appelait l’homme-taupe.
Burné me les montra. Elles étaient énormes.
-Glups
-Glups en effet, rétorqua Burné. Voulez-vous d’autres indices ?
-Oh oui ! Je commençais à prendre plaisir à jouer au jeu des 7 différences avec Burné, qui me devenait sympathique.
-Regardez ses pieds : pas plats ! Est-ce que Clarky avait ce genre de panards ?
-Bon dieu, mais oui…Tout le monde savait qu’il avait les pieds plats ! ça a bien arrangé Martin Sheen, quand Coppola s’en est aperçu la veille du tournage.
-Regardez son bras gauche.
-…
-Et bien non, il n’en a pas. Vous souveniez-vous que notre ami était manchot ?
-Incroyable ! Vous allez me convaincre…fis-je, séduit par tant de perspicacité.
-ça se voyait comme le nez sur la figure, répondit-il, non sans cacher l’esquisse d’un sourire, gêné par cette encombrante fierté du limier qui fait éclater l’affaire au grand jour. Fierté qui m’apparaissait pourtant fort justifiée.
Et justement, le nez. Regardez là, ce gros tarin beurk dégueulasse, est-ce qu’un acteur aurait eu un pif pareil ?
En me remémorant le petit nez discret du pauvre Clarky, aux narines bien dessinées, je devais me résoudre à admettre l’impensable. Le mort n’était pas notre homme.

Anonyme a dit…

- Monsieur Burné, votre perspicacité me secoue le flan... Mais, si vous me le permettez, j'aimerais savoir: comment Magret a-t-il pu passer à côté de tant d'évidences?!
- Elémentaire, mon cher Witson... Wilson...Milson...
- Watson...
_ Elémentaire donc! Je n'en ai aucune idée... C'est pour celà que les affaires ludiques du Ministère de l'Intérieur m'ont déféré cette enquête. La formation aux Commissaires semble avoir des failles concernant le jeu des 7 différences. ll me faudra résoudre promptement cette data base error, avant que d'autres innocentes victimes ne soient touchées...

Unknown a dit…

Au sortir de la morgue, une obscure clarté baignait le ciel de Valet.
Les passants regardaient en l'air avec anxiété.
Un bruit aigu et persistant se fit entendre.
- Quels sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ? demandai-je à Burné.
- Je ne sais pas... ça ressemble à une attaque nucléaire ou quelque chose du genre.
Je me mis à trembler comme une feuille.
- Des extraterrestres ?
Burné haussa les épaules et se mit à courrir. Je lui emboîtai le pas.
- Où allez-vous ? demandai-je en criant pour me faire entendre malgré le vacarme.
- Chez les trouffions !!! Y a que là qu'on sera en sécurité !!!

J'hésitais à récupérer Vraky, mais on ne change pas facilement sa nature profonde : j'étais lâche et, en ce jour mémorable, bien content de l'être.
D'ailleurs, je pressentais que tout ceci avait avoir avec notre affaire. Pour cette raison, il me fallait sauver ma peau car désormais, il en allait de l'avenir de l'humanité.

Unknown a dit…

Hm hm...
(je pressentais que tout ceci) avait à voir (et non avoir) avec notre affaire.
Bon ben oui... hm hm... Voilà bon je m'excuse...

Anonyme a dit…

Nous courions dan les rues de Valet, les autochtones se dispersant à la va-vite, construisant de provisoires barricades de fortune derrière leurs portes blindés.

- Bordel Burné ! Gaffe à vos arrières !

D'étranges projectiles sifflaient à nos oreilles. Une pluie de boudin emballé sous vide commençait à s'abattre.
Ma condition physique n'était plus tout à fait ce qu'elle avait été, Burné prit quelques longeurs d'avances.

- Bordel Burné ! Je suis derrière !

Soudain, je ressentis une douleur vivace autant que piquante au niveau du flanc.

- Bordel Burné ! Je l'ai dans le cul !

HK/LR a dit…

Je fis une sorte de rulé boulé approximatif et m'écriai , me souvenant de tous les films de guerre que j'avais vus :
"Infirmier infirmier ! vite vite de la morphine"
En réalité j'avais surtout mal au genou gauche à cause de mon roulé boulé raté .
Courageusement , je l'admets , Burné fit demi tour et courbé en deux sous la mitraille , vint s'agenouiller à mes côtés .
"Où êtes vous touché ?" s'enquit-il d'une voix virile et calme . Il avait dû se taper lui aussi pas mal de films de guerre .
J'allais lui répondre quand la sirène des pompiers de Valet se mit à hurler à plein gosier .
une très vieille dame abritée sous l'auvent bivolore du "Chic Parisien" en laissa cheoir d'émotion son cabat .
"Burné ! Burné ! m'exclamai-je
"regardez le cabas de la vieille !
zavez vu ce qu'il y avait dedans ?

Anonyme a dit…

Burné me regarda d'un air interlope :
- C'est pas le moment de mater les vieilles, vieux cochon. Les femmes et les enfants d'abord.
- Ah, mais vous avez de la merde dans les yeux Burné !
- Nous courons au chaos si nous profitons de la moindre attaque aérienne pour violer les vioques.

Anonyme a dit…

Une explosion retentit. La vioque disparut à jamais sous une tonne de boudin frais. Son cabas vola dans les airs et atterrit à mes pieds.

Anonyme a dit…

Je sortis du cabas les éléments de ma découverte et les brandis triomphalement face à un Burné peu convaincu.
- Tout de même, Burné, une part de flanc et une photo dédicacée de Scarole Obama ! Ce n'est pas rien ! Nous sommes sur la bonne piste !`
- Hmm... C'est louche de reconnaître un flanc sous tout ce boudin...
- Attendez Burné, c'n'est pas tout !
Je plongeai à nouveau ma main dans le cabas, mais fus interrompu par une nouvelle explosion.
- Arrêtez d'vous branler et venez ! Je connais un raccourci...

Anonyme a dit…

J'emportai ma trouvaille, sachant pertinemment qu'elle me servirait, au chapitre suivant, à faire chanter le gang qui terrorisait Valet.
Au milieu du tumulte et du chaos, des explosions et des cris, une voix - teintée d'un fort accent espagnol - retentit dans des hauts parleurs de la ville. La foule en délire s'arrêta net, pour écouter la parole céleste :

Anonyme a dit…

Devant nous, deux abrutis étaient montés sur une colline. L'un d'entre eux brandissait un drapeau français rejouant Iwo Jima pour son pote qui tentait d'immortaliser la scène avec son téléphone portable. Le crétin patriote hurlait sur l'air de trois jeunes tambours :
- Oh Marseillais, on va niquer ta mère, oh marseillais, on va tous vous tuer ohé ohé...
Bientôt, le drapeau tricolore fût tout souillé de boudin noir. Ca me fit bien rire, de me souvenir que le boudin n'était rien d'autre que du sang caillé. Ces cons-là m'avaient fait comprendre le sens du film que j'était venu réaliser à Valet, et peut-être même de mon oeuvre en entier. Burné interrompit ma contemplation béate :

Anonyme a dit…

-Bon, c'est pas le tout, mais avec ces deux guignols, on n'a rien compris à ce qu'elle raconte, cette parole céleste!
Sorti de ma torpeur boudinesque, je prêtai l'oreille aux hurlements des hauts-parleurs : "Ceci est un message de la plus haute importance, je ne le répèterai pas mais bon, pour les deux du fond qui rêvassent je le redis mais c'est la dernière fois:

Anonyme a dit…

"A la population de Valet Beach. Faites pas les cons, et écoutez nous bien.
La comédie a assez duré, et il est temps que le boudin reprenne sa place de prestige. Assez de tout ce sang versé pour toi, population de Valet Beach! Assez de ces odeurs de boyaux irradiant l'arrière pays! Assez de la complaisance avec laquelle sont traités nos cochons!
Nous ne laisserons plus endurer cette ignominie!
Il a donc été décidé par putch au boudin noir, et à l'unanimité, la conversion de Valet Beach à la Veganologie. Ne doutez plus de notre persistance et de notre conviction! Pleurez derrière vos fourchettes salies de sang! Priez pour votre (porc) salut! Vegan de tous les pays, Unissez vous!!!
The Blood Sausage Crew, en direct de Valet Beach, pour CityRadio..."

Putain, encore un coup des végétariens... Manquait plus que ça...

Anonyme a dit…

Un curieux bruit de débranchement de câble XLR se fit entendre, et une nouvelle voix, au fort accent yougoslave, pris la parole :

"HABITANTS DE VALET !
Pour la première fois depuis la kermesse municipale de 1983, le cours du boudin est passé sous la barre des 13 euros le kilo. Vous n'êtes pas sans savoir que notre spécialité locale a été un facteur crucial de développement au cours des 25 dernières années. Ce krach est une catastrophe à l'échelle de notre commune, mais n'en demeure pas moins un micro-événement pour les énarques qui nous gouvernent. Nous vous invitons cependant à ne pas céder à la panique, et à manifester votre mécontentement par des voies pacifiques et démocratiques. Les prochaines élections municipales auront lieu dans moins de quatre ans, ce qui vous laisse..."
La voix fut interrompue par un bruit de raccord mini-jack/gros-jack, et la voix d'un homme au fort accent nordique pris le relais :
"AMIS DU FLAN !
Depuis des années, notre volonté d'émancipation est malmené par le lobby de la MAGRET CORPORATION qui corrompt les structures de notre belle ville à des fins d'enrichissement personnel en prétendant préserver le patrimoine culinaire de la ville.
En ce jour de révolte, il est temps qu'éclate enfin la vérité : le boudin n'a jamais été inventé à Valet ! LONGUE VIE A L'AMICALE VALEENNE DES FLANS SANS CONSERVATEURS !"

Anonyme a dit…

Décidément, cette ville ne manquait pas de dynamisme. Je risquai un regard en direction de Burné : il s'était figé dans une posture très très crispée qui me remémora une scène de mon enfance :

J'avais dix ans et ma mère m'avait emmené à Carrefour pour faire des courses. Arrivée à la caisse, un vieux monsieur juste derrière nous avait commencé à parler des problèmes de santé de son chien, un labrador qui était un peu vieux mais pas trop.

"Ca va, mon vieux ?"
Il ne bougeait plus du tout. Je lui mis la main sur l'épaule pour tenter de le rassurer :
"Allez, t'inquiète pas, les actions, c'est comme le reste, ça finit toujours par remonter..."

Je n'eus pas le temps de réaliser la stupidité de mes paroles : Burné venait de s'effondrer, raide comme un bretzel.

Anonyme a dit…

Décidément, cette histoire allait beaucoup trop loin, beaucoup trop vite. Boudins et Flans dans la rue, on n'avait plus vu ça depuis les manifestations des Bourgeois de Ralet sur Vessac!
"Scritch, scritch", fis-je en me grattant la tête...

Anonyme a dit…

Je m'interrompis précipitamment, remarquant soudain deux détails qui me rappelaient quelque chose - mais quoi ? 1/ Burné n'avait que deux dents 2/ il tenait à la main gauche une part de flan.

Unknown a dit…

Un râle sourd se fit entendre.
- Burné ?
- HHhhhhaa
- Excusez-moi, je croyais que vous étiez décédé...
- Hhhhhaahh

Visiblement, il voulait dire quelque chose. Je penchai l'oreille contre sa bouche édentée.
Il murmura :
- J'ai pris congé de tout le monde par lettre, sauf de toi...
- Vous en faites pas pour ça, Burné.
- Si, si

De sa main mourante, il sortit un petit bout de papier froissé de sa poche.
Tandis qu'il expirait, je pris connaissance de la missive, peut-être un message codé, un testament pour le moins :

"Cher Père Noël, le jour de Noël approche et je suis très triste.Je me suis blessé le flan gauche sur un morceau de verre et j'ai si mal que je me crois en enfer. Ma blessure est plus grande qu'un boudin. Pour me consoler d'avoir tellement mal, je voudrais une petite maison de poupée et une ambulance avec une infirmière. Je signe en trempant ma plume dans mon sang. Totor, Noël 1955"

Je serrai la lettre contre mon coeur : quel trésor, quelle mine d'information !
Puis j'enfermai le tout dans le cabas : dents, part de flanc, dents, lettre... Et en route pour la caserne.

Anonyme a dit…

Une accalmie des bombardements me permit de me retourner une dernière fois vers Burné. Le pauvre garçon expirait. Il dit dans un dernier souffle :
- Rose Beude.
Sacré Burné. Jusqu'au bout, il se prenait pour une star. Mais le brave gars avait eu une mort dont sa veuve pourrait être fière. Je me jurai de rapporter les dents de Burné à sa vieille quand tout se merdier serait fini.
Je me pris à siffler un petit air :
- Qui est donc ce gars extra qui nous rend si heureux, N-E-S-T-O-R / B-U-R-N-É.
Je m'en allais l'âme tranquille, Burné avait passé l'arme à gauche.

En arrivant devant la caserne aux trouffions, quelle ne fût pas ma surprise en découvrant que les militaires n'habitaient plus là. À côté de la barrière d'entrée, une infirmière en talons aiguilles se tenait à côté d'un plombier et d'une soubrette.
- C'est vous le figurant ?
Me firent-ils en choeur d'un air entendu. Je pensai qu'il s'agissait d'un code.
- Pigeon vole.
- C'est bon, vous pouvez entrer.
J'avais vu juste.
Le plombier me conduisit vers l'entrée de la caserne. Une prof de math en petite tenue m'attendait là.

Anonyme a dit…

Je n'en crus pas mes yeux. L'infirmière court vêtue, aguicheuse à souhait, qui se tortillait l'arrière-train devant mes yeux écarquillés et mes babines alléchées n'était autre que... Scarole Obama herself. "Yes we can" me fit-elle d'une voix langoureuse agrémentée d'un clin d'oeil humide.

HK/LR a dit…

J'allais légitimement succomber à sa tentation quand une poigne virile me saisit l'épaule droite et me fit pivoter sur moi même .
"alors mon garçon on croit s'être tiré d'affaire ,on est prêt à mettre son petit bulletin dans une urne accueillante !"
MAGRET !!!!!

"Mais zêtes mort commissaire" m'exclamai je
Une baffe majusculaire me fit pivoter dans l'autre sens .
"et celle la elle est morte elle aussi ?"
Toujours la même voix de rogomme le Magret. Il n'avait vraiment pas l'air si tant décédé que ça .
"Je... je ... je ..."
me mis-je à bégayer .
"je Tu il nous vous ils : je connais , pronoms personnels sujets ! Mais avant de me réciter la table de 7 ou le lievre et la tortue , vous ne pourriez pas m'avouer deux trois petites choses , jeune homme ? "
Et vlang il me décocha une autre baffe !
"Magret ! j'avoue ! tout ! et le reste et son contraire ! au point où nous en sommes !"
Je vis dans ses yeux une lueur meurtrière et il allait me rebaffer véhémentement quand ...

Anonyme a dit…

Burné entra à son tour dans la pièce. Sous mes yeux horrifiés, les deux inspecteurs-revenants se paluchaient d'un air entendu :
- Bien joué Donald Duck.
- Bien joué Membrax.
Je n'en revenait pas. Les deux avaient la tronche des figurants des films de George Romero.

Anonyme a dit…

Une horde de cochons de lait déboula dans la caserne. Ils étaient vifs et potelés à souhait, rose comme des sous neufs et ils couinaient vaillamment.

-Merde ! s'exclama Magret tandis que les nourrains lui passaient entre les jambes.

L'infirmière fléchit sur ses talons et se retrouva bien vite les quatre fers en l'air avec entre les jambes le groin d'un porcelet. Elle hurla d'angoisse de se voir ainsi investiguée...

Que faire ? Fuir en profitant de la cohue ou relever la pauvre femme ?

Anonyme a dit…

Maudite et funeste hésitation sans laquelle j'aurais pu, peut-être, la sauver ! J'allais me porter à son secours quand le porcelet explosa.

Unknown a dit…

CHAPITRE 9 : L'HEURE DES BILANS OU LE THEATRE MAGIQUE

Si je me retourne sur mon aventure, je m'aperçois que les ombres des disparus ont toujours été à mes côtés. Ils m'accompagnent, se tenant parfois discrètement en retrait, parfois avec une telle force qu'ils me recouvrent tout entier. Leur ombre ne disparaît jamais. Même si elle peut s'éloigner momentanément, je me rends compte que la main d'un disparu vient soudain soudain de m'effleurer l'épaule.
Magret, Burné, Clarky, Vraky, Marie-Tonnerre, la bouchère, Scarlett Obama...

Que dois-je en conclure ?

Anonyme a dit…

-Que tu es salement dans la mouise! tonnèrent Magret, Burné, la bouchère et Scarole O'bama. Vracky ne pipait mot et Marie-Tonnerre regardait ailleurs en sifflotant. Clarky répondait définitivement aux abonnés absents.
Je dirais même plus, pensai-je, je suis salement dans la merde.

HK/LR a dit…

"Vous savez jeune homme , dans l'cochon tout est bon !"
Une petite voix grinçante me chevrota cette apophtegme à l'oreille droite .
C'était le petite vieille au cabat .
Au stade où j'en étais cela me sembla tout à fait normal , voire naturel et même évident .
Elle ressemblait étonnamment cette petite vieille à Tata Fanny . La dite Tata n'était la tante de personne dans ma famille mais avait néanmoins titre immuable de Tata . je l'aimais beaucoup bien qu'elle degageât une odeur sui generis assez troublante .
"Euh pardon Tata , demandai-je , troublé ,à la petite vieille , "cabat" ça s'écrit avec un s ou avec un t à la fin ?"
"Je vous assure , me repeta la vieille , que dans l'cochon tout est bon !"
Et elle s'en alla , son sac à provisions à la main , image archétypique de "la petite-vieille-à-la-voix-chevrotante-qui-est-forcément-la-Tata-de-quelqu'un"

J'étais toujours dans la merde , j'y barbotais même comme un goret dans sa fange.
"Cochon qui s'en dédit!"
Seule me vint à l'esprit cette expression désuete .

HK/LR a dit…

(note en aparté : hasard pataphysique spontané et gouteux : je viens de découvrir un CD intitulé
.."dans l'cochon tout est bon" !!!
on line sur http://noniouze.blogspot.com/)

Anonyme a dit…

D'ailleurs, cela m'avait déjà causé bien des tracas. Le cochon est prodigue. Ce qui dans une station balnéaire pouvait parfois causer des remous politiques. Encore si Valet sur Ressac était dans l'autre pays du fromage, on comprendrait cette nécessité d'endiguer les flots tumultueux de la mer en furie. Mais à Valet, ces vagues ne sont pas violentes, elle ne projette pas des cargos sur la plage comme l'autre année aux Sables. Donc nous ne sommes ni aux Sables ni à Bediende (Valet en néerlandais), et je me demande pourquoi il n'y a que les portugais qui achètent des oreilles de cochons.

HK/LR a dit…

petite interruption :

Chers amis
J’ai le devoir de vous faire part de la nouvelle suivante . J’ai reçu – pourquoi moi et non Rozenn , mystère ! - le mail ci-dessous dont la lecture ne pourra que vous laissez pantois . Doit on prendre au sérieux les menaces qu’elle contient , est-ce , comme on dit , du lard ou du cochon , à vous d’en décider et d’en tirer les conséquences que vous voudrez

Monsieur

Un de nos concitoyens , internaute émérite , a eu , lors d’une de ses navigations internenetiques au long cours , le grand déplaisir de tomber sur le site « Tranches de Rozette » et de lire les horreurs absolues qui y sont véhiculées au sujet de notre belle cité , je veux dire « Vallet sur Plage » . De tels propos , plus que calomnieux , donnent de notre charmante petite ville une image des plus déplorables . Aussi je vous enjoins instamment de mettre , vous et vos acolytes , un terme à ce déferlement injurieux , voire ordurier . Si nous constations que vous persistiez je vous avise très officiellement que plainte sera portée auprés de qui de droit . Il y a des bornes à la décence et aux bonnes mœurs qui ne peuvent en aucune façon être outrepassées .
En espérant ne pas avoir à en venir à certaines extrémités (je vous signale notamment que Vallet sur Plage se flatte d’abriter un nombre conséquent d’anciens membres des forces de l’ordre et de l’armée aujourd’hui à la retraite) .
Delphine Grointrout - Présidente du Syndicat d’initiative de Vallet sur Plage

Anonyme a dit…

Delphine,

votre prénom pourrait inviter nos médiocres bafouilleurs à de faciles railleries, Sachez que nos insultes ne seraient pas à la mesure de votre sottise. Dignitaire de Vallet sur plage, vous nous accusez de railler votre cité. Mais si l'oreille de cochon pend au destin d'une ville, c'est à celle de Valet ! avec un L... Comme Cabas avec un T, n'est pas concerné par l'accident de la vieille dame qui est une tante à tout le monde vu que c'est un archétype. Vous comprenez ?
Delphine, vous êtes bloquée dans l'ascenseur de la modernité. Vos googelisations vous trompent ! Quand avez vous vu Clarky en short courir sur vos plages ? JAMAIS ! Quand le boudin s'abat-il dans vos rues ? JAMAIS ! Quel culte portez vous aux cochons de lait ? AUCUN ! Delphine vous êtes dans le lapsus. Et a priori voilà quelque chose qui titille la mémoire reptilienne de l'inspecteur Magret... Lapusssss.... Delphine....

Anonyme a dit…

La faute de frappe est une gifle Delphine. J'espère que vous n'aurez pas d'hématome.

Anonyme a dit…

Le centième! je suis le centième, m'écriai-je. Pourquoi? je n'en sais rien...Sans commentaire. Un truc inconscient, comme ça, pour faire diversion et prendre mes jambes à mon cou. Fuir ces faux-morts qui sentaient le formol, fuir la tata, la bouchère de chez Bresson, la Delphine et tous les autres gros zombies méchants. Je sortis donc en toute logique à toute vitesse.

Anonyme a dit…

La fuite fut de courte durée. De digressions en considérations métacharcutières, j'avais loupé certain éléments importants qui s'étaient déroulés récemment dans le palais episcopal des Trouffions de Valet.
Les Morts revenaient d'entre les morts, ça, tout le monde l'avait compris.
Mais, me croirez-vous si je vous annonçait que les boudins s'étaient mis à revenir d'entre les boudins ? Spectacle crépusculaire, apocalyptique, désolant, mystérieux autant que fascinant, mais également pas très agréable pour l'odorat. J'avais les yeux comme deux ronds de flan, éberlué par cette Passion du boudin, cette évangile de Valet, ce nouveau testament crépusculaire.

Les boudins revenaient d'entre les boudins. Mais leur attitude de boudins revenus d'entre les boudins ne laissait pas de doute quant à leurs intentions : la vengeance est un plat qui se mange froid (parfois accompagnée d'une sauce gribiche), et les boudins revenus avaient une méchante dalle.

Unknown a dit…

À quelques lieues de là, j'étais toujours couvert de sang de boudin.
Tandis que la vieille au cabas se disputait avec Magret, Burné et Cie pour savoir à quelle sauce j'allais être mangé, je pensais avoir le temps d'explorer le parc floral de Valet.
Sous les feuilles d'un chêne, je fis sécher le sang de boudin.
Sur la plus haute branche, un rossignol chantait...
- Chante, Rossignol, chante, toi qui a le coeur gai ! Tu as le coeur à rire, mais rira bien qui rira le dernier ! Car il ne fait pas bon être une bestiole à Valet Plage, mon petit pote. Regarde ces pauvres cochons, dont le sang sert à alimenter les lampes de croissance de fabrication des narco-flans ! Mais moi, Fred Sigmoun, j'ai découvert le pot-aux-roses... Et, dussé-je en mourir, j'aiderai ces sacrés porcs à mettre au point leur terrible arme vengeresse : la rebellion des boudins !

Je m'arrêtai soudain. J'avais la nette impression d'être observé...

HK/LR a dit…

De fait , j’’entrevus puis j’apercevis , maladroitement dissimulé derrière un bosquet de rhododendrons , un petit bonhomme au look assez curieux . Il était affublé en effet d’une sorte de bleu de travail assez degueu , maculé de cambouis, et d’un vieux casque d’aviateur des années 30 !
« approche petit , n’aie pas peur ! » le hélai-je
Il s’approcha effectivement . Me toisa de la tête au pied d’un air plutôt suspicieux et d’une voix étonnamment grave pour un aussi petit bonhomme , m’injoncta :
« Dis monsieur ! dessine moi un cochon ! »
Je fis un bond en arrière comme si j’avais été à deux orteils de mettre le pied sur une mine antipersonnel .
« Ah non ! manquait plus que lui ! » hurlai-je en me prenant – geste bien théâtral je le concède- la tête entre les mains . Mais l’autre nabot crado ne me lâcha pas pour autant :
« Dessine moi un cochon ! dessine moi un cochon ! dessine moi un cochon ! »

Anonyme a dit…

Ai plus de stylo lui dis-je, n'ai plus... depuis qu'on m'a déshabillé, dévalisé, meurtri, je suis sans poche et sans capuchon, sans bic et son baron !

- Dessine moi un cochon, répétait le geignard qui selon moi essayait tant bien que mal d'imiter Gérard Philippe.

Diantre, je vis qu'un filet de sueur coulait sous mon aisselle gauche. Du bout de l'index droit, je touillais la sueur et le sang sécher, réinventant bien après Monsieur de Lascaux, une peinture primitive du plus bel effet. Et sur la cap immaculée du petit emmerdeur, je dessinai deux points entourés d'un cercle.

Hurlant de colère, le gnome me dit que même sur sa planète personne n'avait jamais osé lui faire ça. Note que je compris qu'il y vivait seul... Bref, il était fâché...
- "de Surcroît ceci n'est pas un cochon !"
- "Ah si mon petit bonhomme, fis je en imitant à mon tour Gérard Philippe, c'est la synecdote du cochon, son groin en gros plan comme la chatte de l'infirmière le vit voilà une heure avant que la bête n'explose... Comprends-tu petit ?

Anonyme a dit…

Il acquiesça mollement, subitement tout calme.
Ses pupilles se dilataient à qui mieux mieux, prenant des colorations violacées. Il louchait tendrement. Un mignon filet de bave s'écoulait de sa bouche. De plus, il gonflait les joues par intermittences, mimant la déglutition.
A ce dernier symptôme, j'eus un flash (waouh!) : j'avais devant moi un narco-flanatique notoire, qui venait tout juste de se prendre une dose.

Anonyme a dit…

Au moins, de mon temps les flanatiques étaient des descendant du Far breton, ils aimaient le flan consistant qui tient au corps. C'est un flan qui vous laisse une belle gueule de bois, mais c'est un flan honnête comme un vin de bonne vigne. Certains s'accompagne de pruneaux ce qui leur donne un côté laxatif qu'aucune céréale moderne ne pourrait égaler....

Mais aujourd'hui les emmerdeurs flanatiques gobent des flandises, des machins de supermarché, à deux euros les 4...

Je sortis mon chapelet de boudin, pour réciter une prière à l'intention de ce malheureux...

Anonyme a dit…

Il me tendit une part de flan, l'oeil cérémonieux.
- Dans ma planète, on bouffe du flan.
- Eh bien petit, vois-tu, à Valet on bouffe aussi du boudin, et parfois de la poularde, voire même des kébabs.
lui répondis-je en singeant Michel Sardou.
- Je n'aime pas Michel Sardou.
- C'est bien, ça. Dis-je en singeant Nathalie Sarraute.
- Je n'aime pas Nathalie Sarraute.
- Ca aussi c'est bien. Dis-je en singeant l'orang-outan.
- Je n'aime pas les singes.
- Aimes-tu les bonbons ? Dis-je en fouillant mes poches en singeant l'exhibitionniste.
- Je n'aime pas les pervers.
- Tu as raison se sont de bien affreux bonhommes. Dis-je en mimant le curé.
- Je n'aime pas les curés.
- Moi non plus. Dis-je en sifflant une chanson de Gainsbourg.
- J'aime ni Gainsbourg, ni Brel, ni Ferré, j'aime pas les chanteurs morts, pas les chanteurs vivants, j'aime pas les gothiques, ni les rappeurs, ni les soixante-huitards, ni les glandeurs, ni les sportifs, ni les lèche-culs, ni les tarlouzes, ni les vieilles, ni les facteurs, ni les petits, ni les moyens, ni les grands, ni les conseillers d'orientation, ni les petites bites, ni les moyennes, ni les grandes, ni les faux-derches, ni les tocards, ni rien, ni dieu, ni maitre, ni toi, ni moi, ni personne.
Je commençais à comprendre pourquoi le merdeux vivait seul sur sa planète abandonnée.
J'eus soudain très peur. Une peur bleue. Verte. Une peur tenace. Les foies. De volaille mouillée. Je pleurais comme une madeleine.

Anonyme a dit…

Car cette part de flan avait l'air diablement appétissante !
"Résiste !", cria quelqu'un, mais d'un peu trop loin, ce qui fit que j'entendis : "Gréviste !"
Ma gourmandise n'ayant d'égal qu'une irrépressible tendance à répondre à n'importe quelle forme de provocation, je saisis le petit parallélépipède flasque et le fit voluptueusement glisser jusqu'à mon estomac.

Anonyme a dit…

Cet acte courageux mit le petit con en joie. Il entama une danse à la gloire des pâtisseries.
"Moi je n'aime rien, mais toi tu aimes le flan !" ...et il riait comme un petit faune qui aurait trop regardé de films institutionnels pendant les vacances.

Deux choses m'apparurent alors clairement :
- J'avais déjà mangé du flan trafiqué, ce qui expliquait peut-être mon manque de clairvoyance dans toute cette histoire ;
- Mon nouvel ennemi ressemblait à Robert Redford ;
- J'avais complètement oublié quel objet allait me permettre de faire chanter le gang qui terrorisait Valet dans ce chapitre déjà bien avancé ;
- Je n'arrivais plus à compter.

Anonyme a dit…

Un petit pet bien chaud, voilà ce qui allait m'aider. Evacuons le mal, agitons des chiffons rouges, réclamons des ministres une aide exceptionnelle.
Mon petit pet se précipitait vers la sortie, me tirant des douleurs abdominales terribles, comme si j'avais des crampes de l'intérieur des intestins, comme s'il devait se frayer un chemin parmi une foule trop dense, comme un cycliste au sommet du tour machin que les badauds bousculent et qui chancelle dans l'effort. Je sentais sa chaleur qui irradiait mon cul et me préparait à une tonitruante et percutante révélation.

Unknown a dit…

"Robert Redford", ou plutôt Bob Raide ("appelez-moi Bob Raide, m'sieur") m'avait senti venir. Il s'éloigna prudemment, l'air réprobateur, le nez bouché.
Comme je tardai à m'abandonner, il en profita pour me raconter son histoire : il avait lu quelque part que la fonte des glaciers provoquerait bientôt un gigantesque raz-de-marée, et que toute la côte Atlantique allait être submergée, engloutie sous les eaux.
Il était venu sur Terre - à Valet précisément - pour assister à l'effroyable spectacle, excité comme un gosse avant un numéro de clowns. `
Mais voilà qu'il était tombé entre les griffes de nos terribles traficants de Narco-Flancs, lesquels l'avaient réduit à la plus vile dépendance.
Maintenant complètement intoxiqué, il n'arrivait plus à s'envoler pour sa planète natale.
- J'suis foutu, M'sieur. Tout comme vous.

Pauvre garçon. Il m'avait tiré la larme.

HK/LR a dit…

j'extirpai de la poche gauche de mon falzar un kleenex qui n'avait pas trop servi et me tamponnai les yeux comme si un micro volatile s'y était fourré.
"Bon ! c'est pas l'tout Litle Bob mais j'ai du pain rassis sur la planche ! et du boudin aussi ! et du flan ! c'est carrément buffet gratuit comme chez Confo , aussi dégeu !"
"j'peux vous aider si vous voulez" me gazouilla P'tiot Robert .
Il commençait à être un peu cocol
le Bobichon ! mais je ne pouvais quand même pas l'envoyez paître .
"Okay Bobo ! tu m'suis mais pas d'embrouille hein ! pas d'initiative intempestive ! pas de suggestions ! pas de remarques ! tu observes le pro , tu t'instruis ."
"AZERTYUIOP!" rugit alors le Bobinet .
Ce qui , je ne l'appris que plus tard signifiait ...

Anonyme a dit…

"ET BIN MERDE, CA FOUETTE, TON PET !"

Anonyme a dit…

Nous nous mîmes en route.

Nous marchions depuis un bon kilomètre, lorsque je réalisai que je ne savais pas du tout où nous allions. Cela me mit un peu mal à l'aise, mais apparemment Robbie ne se rendait compte de rien. "Il n'y a qu'à continuer de faire semblant", me dis-je astucieusement.

Anonyme a dit…

C’est un peu délicat parce que j’adhère sur le fond mais je suis à l’étroit dans certaines formulations et je voudrais m’en expliquer. Il y a maintenant une quinzaine d’années que j’anime un séminaire femme solaire et j’ai beaucoup appris et beaucoup évolué à travers ce travail. J’ai retrouvé un texte écrit il y a une dizaine d’années après la parution de la femme solaire et je vous l’envoie en pièce jointe.

Anonyme a dit…

-Pause, dis-je. Tu veux faire un Pictionnary ?
-Oh oui chic chic ! s’enthousiasma à ma grande surprise le Robert Redford miniature qui peu à peu reprenait sa forme initiale, signe que les effets du narco-flan s’étaient fait la malle à la faveur de mon vent.
J’avais dit ça comme ça, certain du refus du petit pot de colle, pour lui détourner l’attention de mon gaz odorant. (Ben oui , ça sentait encore !).
Mauvaise pioche.
-Dessine-moi un jval.
Je m’exécutai non sans peine. Le cochon, je sais faire, mais le jval bof. Je grattai la terre de mon index pour représenter l’animal.
-Il est trop nul. Dessine-moi une femme solaire. Tiens, c’est marrant, il en était justement question dans mes divagations narcoflanatiques.
L’exaspérant nabot qualifia mon œuvre de grosse merde.
-Tu sais, dans la vie, il y a la figuration réaliste, très prout prout, les gens adorent ça, et toi aussi visiblement. Et pis y a l’art astrait. Qu’est bien, aussi.
-Mais on peut pas jouer au Pitchonary avec l’art astrait !
-Hé bien détrompe-toi. Tu es très terre-à-terre pour un extra-terrestre.
-Je suis pas un extra-terrestre.
-T’es quoi alors, p’tit con ?
-Un esprit, une idée…
-Un concept ?
-Oui, si tu veux. Dessine-moi une usine.
-Mais je sais pas faire moi !
-Viens avec moi. Et il me ramena à Valet, où tout s’était calmé. Les rues étaient désertes et silencieuses. Le concept m’amena où je rêvais le moins d’aller : chez les Troufions. Et il me fit remarquer la grosse usine de boudin qui jouxtait à la fois le-dit bâtiment et le cimetière de la ville.

Anonyme a dit…

"Alors tu commences à comprendre, maintenant, hin hin !" grinça mon petit moignon de guide sur un ton goguenard qui me mit hors de moi en un instant... Mais au même moment, je me sentis sombrer dans un maëlström de flan overdosé.

Anonyme a dit…

Un mec se tenait sur une petite butte couverte de boudin. Il portait une casquette kaki et un treillis de sniper. Il mâchait un chewing-gum goût bubble gum, et tenait devant ses yeux une paire de jumelles.
- Salut les filles. dit-il en nous voyant arriver. Billy Bob Raide était resté en retrait, apeuré par la dégaine fascisante du nouveau venu. Faut dire qu'il avait un bandeau "POWER AND EQUALITY" serré autour du crâne.
On aurait dit un mouette avec la gueule à Charlton Heston période Soleil Vert.
- J'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part.
- Tu dois confondre, je fréquente pas les boîtes gays.
Il remit les jumelles devant ses yeux.
- J'te jure ! De Dieu ! Quel Bordel ! Ah Ah Ah, Ah, les cons ! Putain ! Les enculés !
- Qu'est-ce que c'est ?

Anonyme a dit…

-Des types de FR3 Haut-Centre Maritime sont venus pour faire un reportage et là, la star locale David Poujadiste est en train de se faire boudinifier.
-C'est à dire?
-Ils le gavent au boudin et après, ils le mangent.
-Ha d'accord. Et vous êtes dans quel camp, vous?

HK/LR a dit…

CHAPITRE 120

le connard paramilitaire (tautologie)n'eut pas l'occasion de répondre .Toute notre attention fut en effet mobilisée soudainement par un petit aeroplane - assez antique au demeurant puisqu'il disposait d'une hélice - qui nous survola - à fort basse altitude . S'en échappait une foultitude de petites paperolles multicolores qui se mirent à tourbillonner dans les airs . J'en attrapai une au vol et je lus :
"Pour digérer lourdes poulardes , flans trafiqués , boudins douteux et autres tracas de l'existence FAITES UN TROU BELGE !"

On comprendra aisément - du moins un lecteur doté d'une capacité minimale de compassion - que je ne pus qu'éclater de rire , puis applaudir , puis hurler :
"YEEEEEEEeeeeeeSsssss !"

Le chtiot Redford en resta tout baba
Le paramilitaire , macho mais pas téméraire , se recula précipitamment .

"Vive la Belgique Libre ! Vive le Roi des Belges ! gardarem lou plat pays ! Plus Belge que moi tu meurs ! Ich bein un Belge !" m'entendis je vociférer .

C'était purement nerveux , je le savais , mais plus fort que moi . Ca soulageait .

Anonyme a dit…

Reprenant mes esprits, je m'aperçus que le Charlton Heston d'opérette avait disparu. Restait juste sa casquette kaki. S'était-il désintégré par je ne sais quel sortilège? Mon séjour à Valet m'avait appris à ne plus réfléchir de façon rationnelle. Je devais chasser toute évidence, toute logique pour comprendre ce qu'il se passait et sauver ma peau.
-Peau de chagrin, peau de boudin!
Merde, Ugly Bobby lisait dans mes pensées. Le télépathe me signa oui de la tête.
-Si tu as réussi à atomiser le sniper, tu dois trouver comment, me lança-t-il, frondeur. Visiblement il en savait plus que moi.
-Evidemment.
-Oh, arrête un peu de crâner avec ces conneries et laisse-moi réfléchir.

Alors...
Que s'était-il passé avant la désintégration du militaire?...
Alors alors, un aéroplane...des paperolles...
lourdes poulardes...
FAITES UN TROU BELGE !

Et j'ai crié BELGE plein de fois.

-Tu sais à quoi je pense, Bobby?
-Oui. Et tu as raison.

J'avais trouvé. J'avais trouvé comment pulvériser toute cette vermine de zombies boudineux. Fort de ma découverte, j'entrai tête baissée dans l'usine à boudins. 187 créatures se retournèrent vers moi, avec un rictus un peu inquiétant. Mais je n'allais pas me laisser abattre.

J'ai crié "BEEEELGE!!!!!"
Et ils se sont jetés sur moi.

Anonyme a dit…

INTERLUDE

Douceur de l'eau, reflets mordorés, coraux irisés, noix de pétoncle.
Ma main traînait langoureusement dans l'écume que laissait derrière elle notre ridicule embarcation.
Oh oui ! Que c'était bon ! J'observais la silhouette noirâtre des immeubles de Valet s'éloigner dans le ressac. La gigantesque structure calcinée de l'usine et sa cohorte de trépassés n'étaient plus qu'un étrange souvenir déformé par les psychotropes spongieux que j'avais ingurgités avec délice.

Le moteur 9,9 chevaux Yamaha sonnait comme une brêle de cambrousse - doux souvenir des années boutonneuses où je traînais mes guêtres sur ma chiotte, laissant dans mon sillage une explosion de sébum.

Soudain pris d'une envie irrésistible de dire quelque chose - " comme la vie est étrange " philosophais-je intérieurement - j'apostrophai mon compagnon d'infortune :

- C'est encore loin, l'Amérique ?

HK/LR a dit…

INTERLUDE (suite)

je me souvenis soudainement ? souvena ? souvenus ?
bref je me remémorai (pour faire simple) soudain de ce qu'un 14 janvier kkun écriva ? écrivut? bref , commenta :

... Quand je me sens des plis amers autour de la bouche, quand mon âme est un bruineux et dégoulinant novembre, quand je me surprends arrêté devant une boutique de pompes funèbres ou suivant chaque enterrement que je rencontre, et surtout lorsque mon cafard prend tellement le dessus que je dois me tenir à quatre pattes pour ne pas, délibérément, descendre dans la rue pour y envoyer dinguer les chapeaux des gens, je comprends alors qu'il est grand temps de prendre le large.


le large ,de toute évidence , je l'avais pris - à moins que ce soit le contraire ?

Les Zamérikes étaient lointaines
mais je ne participais pas au Vendée Globe ("Valet sur Plage se refuse véhémentement d'être en Vendée" dixit Delphine G.)

donc conséquemment tout baignait !
(mais je m'inquiétais quand même des drôles de glous glous que j'ouïssais : mon embarcation était peut être dotée d'un moteur vachement "performant" mais je dus constater - navré quelque peu- que les boudins emplis d'air qui l'autorisaient (momentanément) à flotter étaient en train - ah les traitres !- de se dégonfler !

Me souvins (ah ! d'un coup d'un seul me reviennnent un aphorisme avunculaire et le passé simple du verbe se souvenir!) que mon oncle
(un de mes 7 oncles) m'avait dit :
'neveu ! fais gaffe à tous les boudins que tu rencontreras : que des dégonflés !)

Je crois que j'avais dit alors :
"oui Tonton!"

Unknown a dit…

Il fallait agir.

- Bob ?
- Oui, M'sieur.
- T'as pas envie de mourir ?
- Non, M'sieur.
- Donc t'as pas envie de te noyer non plus ?
- Ah non, M'sieur.
- Subséquemment, tu serais contrarié si le bateau coulait ?
- Certainement, M'sieur.
- Alors faudrait penser à réparer ces flotteurs.
- C'est quoi, des flotteurs, M'sieur ?
- Les boudins là.
- Ah oui d'accord.

Il s'attela à la tâche avec un zèle bien compréhensible.
Mon problème résolu, je me tournai vers l'immensité bleue grise plutôt grise. Grisé moi-même, je criai à tous les Dieux des flots :
- Homme libre, toujours tu chériras la mer !

C'est alors que je sentis quelque chose vibrer dans ma poche...

Anonyme a dit…

C'était mon Black berrichon, mon cher petit chouchou, ma machine au doux nom, qui vibrait à tout-va - libre, lui aussi !

Vibre, vibre donc, petit objet magique ! Et de toutes tes forces, ton coeur électronique !

"- Allô ?
- Bonjour, ici la direction générale des affaires de la SIGEL.
- Steven ! C'est toi, Stevy ? Tu as finalement retrouvé mon numéro, petit salopard ?
- Je m'appelle Roselyne et je vous prie de rester poli, mon vieux. Vous êtes actuellement en pleine infraction, alors évitez d'aggraver votre cas.
- ...
- La SIGEL, société intermaritime de garantie contre les excès lyriques, parfois surnommée "Dieux des flots", coordonne depuis 1967 l'expression de tout sentiment de liberté sur l'ensemble des eaux internationales. Votre citation de Baudelaire est une entrave au code de la propriété intellectuelle.
- Ah bon.
- Comme vous avez l'air de débarquer, je me contenterai de vous donner un avertissement.
- D'accord.
- Alors attention, hein, qu'on ne vous y reprenne plus.
- Oui oui, je comprends.

Je raccrochai, déprimé. On n'avait même plus le droit de beugler de manière raffinée ! Bien décidé à beugler malgré tout, j'improvisai un petit sonnet :

Anonyme a dit…

" Le soleil et le sexe et l'océan mordoré
Sont autant de tourments qui me voient éploré,
Ancêtres vagabonds, arpenteurs ténébreux,
Pourquoi ai-je gardé ce fardeau si précieux ?
...

Anonyme a dit…

Clarky, Burné, Magret, ombres cent fois funestes,
Qu'avez-vous à me dire du chemin qu'il me reste ?
Balloté par les flots, libre comme une endive,
Je demeure pourtant éloigné de la rive...

Anonyme a dit…

Cesse sur l’heure, gai Berrichon,
Sur cette onde cristalline
De recevoir sacré nom !
Les mots de cette connas’ de Roselyne

Parle-moi, allez
d'mes anciens compagnons
laissés là-bas dans la cité
vivants, mort ou enfilés mignon

Anonyme a dit…

Un sot savant est sot plus qu'un sot ignorant
Cent fois me répétai-je tout en écopant.
Maître de mon Destin, je sauverai le Flan !

Anonyme a dit…

Patric, après deux quatrains, faut un tercet, bordel !

Anonyme a dit…

Patric, douze pieds !

Où en étions-nous...

Anonyme a dit…

Et si c'est le boudin qui l'emporte, tant pis !
Je creuserai un trou plus grand qu'un monoprix
Et je mettrai dedans tout Valet - je le dis !

Anonyme a dit…

A ces mots, Robbie se sentit moyennement en joie :
"Mon ami, vos paroles, fussent-elles des plus sages,
Ne nous garderons pas d'écoper d'un naufrage !
Plutôt que d'inonder l'azur de vos bons mots,
Donnez un coup de main à votre ami Roro !"

Anonyme a dit…

"Vous vous trompez, peut-être... Coulerions-nous déjà ?
Rien ne m'agacerait plus qu'un aqueux trépas !
Même devant un film, j'évite de pleurer
Quand le héros succombe, mortellement touché.

Car ma fin sera sèche comme un petit beurre
Qu'on avale à regret parce qu'il est quatre heure
En rêvant au goûter qu'on aurait pu avoir...

Jamais je ne mourrai aussi stupidement
Que sous les cris railleurs de tous ces goélands
Qui n'ont du continent qu'un amour illusoire !

Anonyme a dit…

Mon coéquipier resta stupéfait.
"Le pouvoir de ce flan m'étonnera toujours ! Allez, viens donc m'aider à vider notre esquif."

Tous ces alexandrins... Il fallait en finir, ou bien le zodiac risquait de se remplir.

Merde, ça continue ! Je devais réagir... Le spectre de la mort se rapprochait de nous ! Afin de nous sauver, je passai au Haïku :

HK/LR a dit…

T'as voulu voir Valet
et on a vu Valet
Maintenant direction Valparaiso !

Sur ce Bobby se mit à beugler comme un vieux loup de mer :

et nous irons à Valparaiso
Hardi les gars ! Vire au guindeau !
Good bye farewell ! Good bye farewell !
Hardi les gars ! Adieu Bordeaux !
Hourra ! Oh Mexico ! HO ! Ho ! Ho !
Au Cap Horn il ne fera pas chaud !
Haul away ! hé oula tchalez !
A faire la pêche cachalot !
Hal' matelot ! Hé ! Ho ! Hisse hé ! Ho !

Putain de diou ! quel organe ! je me sentis tout requinqué .

"Dis donc ptiot Bob tu crois qu'on peut faire du boudin de cachalot ?"

"Wouaip man ! dans l'cachalot tout est bon !"

Anonyme a dit…

Putain c'est y pas que ni une, ni deux, ni trois mais bien à l'instant même que quatre cachalots passent juste à côté de notre maigre esquif.
- Bobby, fais péter le harpon !
- Mais, buana patron, (curieux sobriquet dont le jeune extra-terrestre m'avait de son propre gré affublé) nous avons oublié le harpon à Valet !
- Enfin, Bobby, quand cesseras-tu d'être rabat-joie ! Attaquons ces hideux monstres aquatiques comme nos ancêtres, à la main nue et au couteau !
- Vous êtes sûr buana patron ?
- Mais oui, enfiles ton maillot !
J'étais déjà en short, armé de mon opinel fétiche, prêt à plonger dans la mer déchaînée.
- Bobby ! T'es un chic type. Mais faut que j'ailles casser du cétacé. Observes la technique, petit, et prends en de la graine !

Unknown a dit…

Les cachalots m'observèrent plonger d'un air placide, et restèrent indifférents tandis que je m'approchai du groupe en nageant la brasse coulée. Au moment où j'entammai mon chant de guerre, ils commencèrent à s'enfuir mollement.
J'allais dégainer quand Bob prit la fâcheuse initiative de me donner un coup de main : Il prit son élan, bondit hors du bateau, se recroquevilla sur lui-même, et tomba avec un plouf terrible au milieu des cétacés effrayés.
Si tumulutueuse et désordonnée que fût maintenant la panique générale, elle ne tarda pas à se résoudre en ce qui nous parut être un mouvement méthodique car, enfin, après avoir formé un seul bloc, les animaux reprirent leur fuite avec une vitesse augmentée. Les poursuivre plus loin n'eût servi à rien.

Privés de dîner, nous dûmes nous rabattre sur le narco-flanc.
On devine combien chaotiques furent les jours qui suivirent.

Un matin, c'était très peu de temps après l'affaire des cachalots, et presque tout de suite après le petit déjeuner, Bob monta de la cabine au pont.
- J'ai décidé de devenir capitaine, M'sieur. Le capitaine de ce bateau.

Il est vrai que la plupart des capitaines ont l'habitude de se promener à cette heure, ainsi que les gentlemen-farmer qui, après le même repas, font quelques tours de jardin.

Anonyme a dit…

FIN DE L'INTERLUDE

Je me réveillai dans une petite chambre décorée par Philippe Starck. Je vous raconte pas, c'est le genre de réveil qui vous en met plein les mirettes : lit taillé dans l'ivoire biodégradable, lustre en sky, lavabo en forme d'évier, et miroir en verre, vraiment, j'étais bien logé.

J'avais un peu la gueule de bois - sans doute un effet indésirable du narco-flan. Quelques bribes de rêves remontaient prudemment à la surface : un lézard, une armoire bretonne, et Picasso qui me parlait d'un tableau que je n'avais jamais vu...

Après m'être débarbouillé, je tentai sans conviction d'ouvrir la porte : fermée, bien sûr. J'inspectai la pièce pour répertorier les possibilités d'évasion qui m'étaient offertes : un seul velux, condamné, et dehors un ciel gris sans perspective. Poursuivant leur exploration, mes yeux s'arrêtèrent sur un livre qui semblait avoir été laissé à dessein sur le rebord du lavabo-évier :

HK/LR a dit…

Il s'agissait d'un petit opuscule au titre énigmatique :
"La tranche de saucisson qui se prenait pour une soucoupe volante" . Je le feuilletai rapidement , il était abondamment illustré de photographies très curieuses .
Je lis le court "avant propos" :

"On le sait Je est un autre et les apparences sont trompeuses . Un train peut cacher une forêt . Alors ne prenez pas vos vessies pour des lanternes , le flan pour de la tarte et la réalité pour la réalité .
Que se passe-t-il ICI quand vous regardez ailleurs ? ou mieux encore quand vous n'êtes pas là ?"

Ces quelques lignes me troublèrent énormément . Fort heureusement une urgente envie d'uriner me ramena aux contingences ordinaires de l'existence .

Anonyme a dit…

Un rapide coup d'oeil autour de moi m'apprit cependant que cette chambre n'offrait rien qui permît d'uriner dans les règles de l'art. Refusant par principe de pisser dans le lavabo, je pris mon mal en patience et me lançai à corps perdu dans une attente désespérée.

Anonyme a dit…

A ceux qui pensent qu'aimer est le plus doux plaisir, je répondrai que rien n'est plus délicieux que le soulagement de la vessie après une longue retenue. Alors je souffrais certes pour l'instant, me dandinant d'un pied sur l'autre comme je le faisais enfant, triturant mon sexe en espérant pouvoir tenir. Quelle lutte, quel challenge. Mon oncle (j'en avais 7) disait que pour se retenir les filles mettaient un bouchon et les garçon une ficelle. Je regardais autour de moi, point de ficelle pour me couper le sifflet... Ah douleur du bas ventre, je me souviens aussi de ma tendre enfance, quand je refusait d'aller pisser parce que j'avais l'impression que c'était du temps perdu, que j'allais manquer l'essentiel... Bien des fois, ma mère (je n'en avais qu'une) me sermonnait, Georges, je vois que tu as envie de faire pipi, va faire pipi... Je n'ai jamais compris pourquoi, elle m'appelait Georges, ni quel pouvoir surnaturel lui permettait de deviner ce qui se passait au plus profond de moi-même. Non contente de jouer les Cassandre, ma mère était très fier de ses pouvoirs. Ainsi s'il m'arrivait de lâcher les flux malgré moi et de pisser dans mon froc, elle me souffletait, haussait le ton et m'affirmait d'un ton crispé : -"tu vois, je te l'avais dit!"

Unknown a dit…

CHAPITRE 121 : FABULEUX ÉVÈNEMENT ARRIVÉ À UN ENTHOUSIASTE AU COURS D'UN VOYAGE

Une sonnerie retentissante, ce cri sonore : "le spectacle commence", me réveillèrent du doux sommeil dans lequel j'étais plongé. Des basses alternées bourdonnent... Un coup de timbale... Des éclats de trompettes... Un "la" limpide soutenu par le hautbois... Les violons s'accordent : je me frotte les yeux. Où suis-je ?

Je me trouvais toujours dans cette chambre indéterminée où je m'étais endormi hier soir, et je baignais dans mon urine : Tout allait pour le mieux.
Un orchestre, au loin, jouait effectivement un air militaire.
Un "pssssst" insistant, accompagné de petits coups secs et pressants, résonnait contre le mur : "M'sieur ? M'sieur ? C'est moi, c'est Bob..."
- Bob ? J'ai rêvé que tu étais capitaine.
Cette seule pensée me fit rire, et l'envie de pisser revint.
- Moi, m'sieur ? Ah oui, mais ça c'était il y a trois mois. Après vous vous êtes moqué de moi, et alors je vous ai tapé, et alors vous vous êtes évanoui, et depuis on est prisonniers.
- Trois mois ? Prisonniers ? Où ça ? De qui ?

Anonyme a dit…

Nous sommes les prisonniers de la carapace d'une tortue lunaire, dit Bob.

Anonyme a dit…

-Pardon?

Anonyme a dit…

we are prisoners d' a lunar tortoise, said Bob

Anonyme a dit…

À compter de ce moment, Bob ne s'exprima plus qu'en anglais. Dans un anglais complètement approximatif, d'ailleurs.

Anonyme a dit…

J'essayai toutefois de communiquer avec lui au travers de la paroi souillée de dessins cochons qu'avaient laissés derrière eux d'anciens passagers cellulaires.
- But I don't understand, Bob, what the hell do you mean ?
- I mean we're stuck.
Stuck. Nous v'là bien, songeai-je un instant.
- What do you do when you need to piss ?
- I used to go to the bathroom.
Great. Je compris qu'il n'y avait plus rien à tirer du pauvre Bob. Dans son charabia rosbif, quelques mots revenaient sans cesse.
- The boat... the boat... radio-controlled... Stuck... Radio-controlled... Fake... Radio-controlled...
Mes neurones jusque là endormis par les narcoflans commençaient à se remettre en route. Une intense réflexion qui dura plus de cinq minutes et qui me laissa une terrible migraine me permit d'entrevoir une explication à ma nouvelle situation :

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Unknown a dit…

L'île de la Tortue, bien sûr. Ce célèbre repaire de pirates et autres flibustiers... Nous étions perdus !
Mais je devais d'abbord vérifier la véracité de mon hypothèse. J'avisai une clochette à côté de la porte, et constatai dans le même temps que je commençais à puer sévèrement.
Je secouai fébrilement la cloche et entendis presque instantanément des pas lourds approcher.
La porte s'ouvrit avec fracas, laissant place à un homme dont le costume rouge sang, l'oeil de verre et la mine patibulaire semblaient sortir tout droit de mes livres d'images.
- S'il-vous plaît, commençai-je timidement, voudriez-vous m'indiquer la salle d'eau ?...
- Tu ne dois parler que lorsqu'on t'adresse la parole ! dit l'homme en rouge en m'interrompant brutalement.
- Mais si tout le monde suivait cette règle, répliquai-je (toujours prêt à entammer une petite discussion), si on ne parlait que lorsqu'une autre personne vous adressait la parole, et si l'autre personne attendait toujours que ce soit vous qui commenciez, alors, voyez-vous, personne ne dirait jamais rien, de sorte que...
- C'est ridicule ! s'exclama le pirate.
C'est alors que je me mis à trembler fébrilement, comme victime d'une mauvaise fièvre.

HK/LR a dit…

C'était purement nerveux . Au stade où j'en étais - sorry : où "nous" en étions - plus rien ne pouvait me surprendre . Le capitaine Haddok aurait pu se pointer et me dire "alors moussaillon ça baigne ?" que cela ne m'aurait pas étonné .
Je me ressaisis assez vite , retrouvant un aplomb suffisant pour demander à Barbe Rouge :
"Oh ça diantre aubergiste à l'écarlate systeme pileux sous mentonnier pourriez vous me bailler un pyjama en pilou pilou à ma taille ? je viens de compisser ma vêture et apprécierai un habit confortable et seyant !"
Je pensai l'impressionner .
il me balança une torgnole majusculaire qui me fit culbuter tête par dessous cul .
"oh non ! pas encore des baffes"
eus je le temps de penser avant qu'un autre personnage , encore plus étonnant , ne penetre dans mon champ de vision (assez trouble sur l'instant je le concède) .

Anonyme a dit…

- "Foutre caisse de bordel de merde, c'est quoi cette chierie sans aucun respect de la différence ! Vous alignez les poncifs masculins ! Je m'en vais vous émasculez-moi ! bande de Crapoteux ! Quel rôle joue la femme dans votre fantaisie, une vieille qui explose, une infirmière qui se prend un groin dans la chatte, voilà les images que vous voulez répandre ????"

Un instant je crus que Bécassine venait de débarquer, mais non, c'était bien Christine Boutin...

Anonyme a dit…

Elle arborait une tenue intégrale en simili-Skaï du plus bel effet, parsemée de trouées plus ou moins grandes offrant à ma vue ses chairs molles et diaphanes. Une boule genre billard censée -je pense- lui obstruer la bouche pendait à son menton. Elle avait visiblement quitté le rôle de Masoch pour un petit entretien nettement plus sadique.
-Sale ridicule homuncule, rampe, répands-toi devant moi, embrasse-moi partout partout et fais-moi le coup du pilou-pilou.
-Mais Christine Chérie (Je tentai de l'amadouer), je ne peux, mon cœur n'est plus à prendre. Bob, mon fidèle compagnon...
-Ta gueule! éructa-t-elle en faisant claquer son fouet.
Péniblement, en sueur, proche de l'apoplexie, à deux doigts de l'infractus et au bord du gouffre, je lui tendis mes lèvres.

Anonyme a dit…

Et là j'imaginais deux solutions... soit le crapaud se transforme en princesse, soit pas.

Mais au pire, je me disais que selon le vieil adage, sa bave n'atteindrait pas la blanche colombe que je suis...

Du boudin de Colombe, un merveilleux et délicat chapelet de boudin de colombe, ce serait chic... murmurait la grosse...

Anonyme a dit…

T'as vu Christine.... Depuis qu'on est sorti de la une, y'a plus personne qui écrit... Tu pourrais enfler comme un mongolflière, personne ne le saurait... Sauf les journaliste de france culture, qui sont très sensible aux ballonnements de la ministre... surtout quand elle pète...

Anonyme a dit…

Péter, péter, péter…Putain, c’est moi qui vais les péter, les plombs !!

Pas une minute sans qu’on ne veuille m’emmerder, me violer, me flinguer, me coller une torgnole ou me coller aux basques, me bouffer, me liquider, me trahir, me mentir, me droguer, m’empêcher de pisser, me boudiner, m’horrifier, m’emprisonner, m’envoyer valdinguer, me narco-flanatiser, me détruire, m’anéantire ou m’atomiser.

Pour tous ces salopards merdeux, ces tontons flingueurs péteux, ces caïds répugnants, ces méchants transpirants, ces connards se réclamant maîtres du monde financier fous furieux, ces politocards foireux, ces traîtres fielleux, ces judas mielleux, ces faces de pets haineux, ces journalistes véreux, ces assureurs suffisants, ces agents ANPE arrogants, ces électeurs mécontents débiles, ces usagers pris en otages cons comme la Lune, ces artistes-hommes d’affaires j’me la pète genre j’expose à Versailles par pur anticonformisme, ces boursicoteurs à 10 balles épargnants et inconscients, ces présidents beaufs et incultes, ces banquiers faux, ces propriétaires d’immeubles minables puants, ces maires du Vème malhonnêtes et sentant le pet, bref, pour tous ces médiocres qui s’assument pas mais qui vous piquent votre temps de bonheur à vous et qui, personnellement, me pètent les couilles, je décidai après mure réflexion de lui foutre un coup de boule, à la Christine.

Anonyme a dit…

J'entendis distinctement le son d'une dent de lait ricocher sur le rustique dallage de la cellule. La bouche en sang, le nez de traviole, la Boudin pleurait en disant "Maman" ! Le coup de boule m'avait sonné moi aussi, et j'essuyai une goute de morve qui pendait à mon nez, séquelle palpable de l'état d'excitation profond dans lequel j'étais plongé.
Le Johnny Deep des caraïbes de service vint aussitôt à la rescousse de la peau de lard. Mais c'était sans compter sur mes nouveaux super-pouvoirs.

Unknown a dit…

J'avais effectivement découvert que je savais voler.
Enfin, pas voler pour de vrai, mais me surrélever de quelques centimètres selon cet art que l'on appelle lévitation.
Christine et Barbe-Rouge en restèrent babas, ainsi que Bob, qui nous avait rejoint par je ne sais quel subterfuge.

- Maintenant, ça suffit. Asseyez-vous.

C'est ce qu'ils firent. Ils s'assirent en tailleur, comme des enfants sages.

- Où est Clarky ?
- On ne connaît pas de Clarky, M'sieur (c'était Barbe-Rouge qui parlait).
- Alors pourquoi m'avez-vous enlevé ?
- Parce qu'on est des pirates, M'sieur (Cette fois, c'était Christine).
- Bon...
Je ne savais pas très bien comment poursuivre.
- Je vais vous raconter une histoire. D'accord ?

Ils ronronnèrent presque de bonheur.

- Il y avait une fois une petite fille qui s'appelait Christine.
- Comme Christine ? demanda Barbe-Rouge.
- Oui, mais ce n'était pas Christine. Christine était une petite fille. Elle avait une maman qui s'appelait Madame Christine.
Le papa de la petite Christine s'appelait Monsieur Christine. La petite Christine avait deux soeurs qui s'appelaient toutes les deux Christine, et deux petits cousins qui s'appelaient Christine, et deux cousines qui s'appelaient Christine, et...
- M'sieur ?
- Oui, Bob.
- On connait déjà cette histoire.
- Ah bon.
- Une autre, une autre ! martela Christine Boutin.
- Oui, une autre, applaudit Barbe-Rouge.

Anonyme a dit…

-D'accord d'accord d'accord...Il y avait une fois plein plein de gros méchants, vous savez, comme l'ogre Jean-Pierre Pernaud, qui fait croire aux enfants qu'il est est un bon gros bonhomme hé ben pas du tout, en fait, c'est le suppôt d'une secte qui veut détruire le Service Public et semer le chaos dans le monde des enfants. Et bien, un jour, un jeune garçon qui s'appelle Herman et qui fait sup de co (ce qui lui vaudra son fameux patronyme Herman Sup), lui, il décide de combattre tous ces ogres. 20 minutes plus tard, il renonce. Et savez-vous pourquoi, les enfants?
-Non non dis dis!!
-Et bien, comme c'est un héros, il est supra intelligent, et il se dit que ce monde serait bien fade si on anéantissait les ogres, peut-être on s'ennuierait et tout.
-...Bouh! Elle est nulle ton histoire.
-Ouais, vous avez raison. J'ai fait un match d'impro une fois, avec une petite troupe de théâtre et je m'étais déjà ramassé la gueule comme ça. Jamais été très bon.
-Une autre une autre...
-Vous commencez à me gonfler, les morveux!

HK/LR a dit…

Et puis je sentais que mes capacités lévitanionnelles toutes récentes étaient en train de s'amenuire . je lévitais de plus en plus de guingois .
Petit Bob se mit même à ricaner : "on dirait un mec du Vendée Globe qu' a perdu la quille de son bâteau !"
et Barbe Rouge se mit à hurler :
"soufflez soufflez orages tant désirés"
et la Christine ajouta son grain de sel en psalmodiant :
"vive le vent vive le vent vive le vent d'hiver"

Je n'eus pas le temps de débrayer la grand voile , ni de culbuter le phoque , ni de déclencher une balise d'alarme : je me pris un coup de zef force magnum en plein travers et valsai immédiatement à l'autre bout de la pièce !

SOS SOS SOS homme à la mer homme à la mer ! vociferais-je tandis que Barbe Rouge , Little Bob et Christine hurlaient de rire en se donnant de grandes tapes dans le dos!

"Fini ! j'vous raconte plus d'histoires !" leur déclarai-je en me relevant non sans mal .

Anonyme a dit…

Une écharde du parquet s'était planté dans mon auriculaire. C'est fou comme la douleur vous coupe du monde, quand vous souffrez et qu'en plus vous ne pouvez en vouloir à personne, c'est dur... Il faut souffrir... seul... et les autres ne peuvent rien... surtout pas Christine...

Je déteste avoir une écharde dans le doigt, parce qu'une fois j'ai eu un panaris si purulent que mon ongle a failli se faire la malle... Quand un ongle tombe à cause de l'inflammation, est-ce qu'il repousse après ?

Je pensais à ça, alors que toujours allongé sur le parquet je matais mon auriculaire en gros plan... Changement de mise au point, droit dans l'axe, je vois la culotte de Christine... C'était ma tournée des horreurs...

Anonyme a dit…

Seulement, quelque chose ne collait pas. Comment pouvais-je voir la culotte de Christine -un string plus précisément- SOUS sa combinaison d'un noir profond, brillant et de surcroît opaque? Il fallait se rendre à l'évidence: j'étais en train de découvrir mon deuxième super-pouvoir.
Un éclair de lucidité me fit détourner brusquement mon regard, de manière à éviter d'entr'apercevoir sa vulve.

Anonyme a dit…

Soudain, je fus happé par mon regard extra-translucide, et bien malgré-moi, j'entrai une fois encore en lévitation gravitationnelle. Mais cette fois-ci, les choses étaient différentes. Je n'étais plus en suspension, mais bien en déplacement. Je mis les mains sur les hanches, à la façon de superman. Et m'écriai :
- Adieu la compagnie ! En route vers de nouvelles aventures ! Bob, tu seras heureux ici, tu construira une maison et achètera une guitare , celle dont tu as toujours rêvé, la Stratocastor, tu auras aussi un chien, celui dont tu as toujours rêvé, de marque Labrédor, et tu apprendras à aimer les autres comme je t'ai aimé. Christine, tu es un boudin, mais dans le fond t'es pas si con. Souvenez-vous de moi, car je suis celui qui fût !
Ma tirade avait fait son effet. Je pris tout le monde par surprise.
Au lieu de traverser la fenêtre à grand bris de vitres, je fus happé par le sexe géant de Christine Boudin, qui agissait sur mes super-pouvoirs à la façon d'un trou noir, tourbillon inéluctable qui me fit découvrir une nouvelle dimension spatio-temporelle. Après avoir erré pendant quelques heures dans de lugubres paysages de landes humides, je dûs me rendre à l'évidence :
mon inconscient ne m'avait pas trompé, il s'agissait bien d'un raccourci.

HK/LR a dit…

le blème (mais grave blème de chez blème) c'est que j'étais nul de chez nul en raccourcis clavier ! alors en raccourcis vaginaux !
j'optai aléatoirement pour "à gauche toute" - atavisme stupide je le reconnais mais si t'as un moyen efficace de te désatavismer tu me l'envoies en colissimo please ! -

évidemment que ça merda !
"à gauche toute" tu parles d'une option !
je me retrouvai environné par une multitude de facteurs à bicyclette qui pédalaient comme des fous en hurlant : "Viva Zavatta Viva Zavatta!"
un vrai cirque !

Mais d'un coup d'un seul tout s'apaisa miraculeusement .
J'allais pousser un grand OUF de soulagement quand je m'aperçus que la cause de cette accalmie soudaine c'était ...

Unknown a dit…

... que j'avais repris mon chemin dans la torpeur humide de Christine.
Tout devenait monstrueux dans cette solitude aquatique, dans cette profondeur sylvestre.
J'étais entouré de fougères arborescentes, de fleurs velues, de parfum charnus, d'humus glauque.
Ecoulement. Devenir. Compénétration. Tumescence. Boursouflure d'un bourgeon, éclosion d'une feuille, écorce poisseuse, fruit baveux, racine qui suce, graine qui distille. Germination. Champignonnage. Phosphorescence. Pourriture. Vie.

Car, sans presque m'en apercevoir, j'étais passé de l'antre magique d'une femme à un fleuve bien réel. Seul dans une chaloupe de fortune, je remontai l'Orénoque sans parler.
Il faisait une chaleur d'étuve.
Je n'arrivais pas à savoir qui me faisait le plus peur, des Farcs ou des Indiens Bleus.

Anonyme a dit…

la lala lala la la lala lala la, un truc me trottais en tête, mais quel était le titre de cette chanson... Je crois aux prémonition musicale, et si j'ai bien un talent c'est celui là ! Si tout à coup une musique surgit sur mes lèvres, c'est que mon inconscient essaye de me faire décoder la situation pénible dans laquelle je me trouve.

Anonyme a dit…

"This is the end,
Beautiful my friend,
This is the end,
My only friend, the end"...

-Merde, c'était le morceau des Doors, d'Apocalypse Now...

Et moi, sur ma barcasse, immobile.
Silence.

4 jours ont passé. Mon embarcation suit toujours le faible courant de l'Orénoque (j'ai fait demi-tour, j'épargne mes forces). Air toujours entêtant. J'entends parfois des bruits étranges, au loin, dans la végétation.

Jour 7 (Extrait de mon carnet de bord). Le voyage est long. Les nuits sont froides et le jour, le soleil est accablant. Rien de notable.

Jour 9. J'ai aperçu un jeune Européen se faire massacrer par une tribu d'autochtones. Juste avant sa mort, il a crié : "Attention, les Arumbayas!". Je ne sais pas ce qu'il est advenu de l'homme qui l'accompagnait et qui a répondu : "Comment ça, un koala?"

Jour 12. J'ai faim. Des oiseaux funestes tournent au-dessus de ma pirogue.

HK/LR a dit…

J 13
vu le pas de bol qui me court aprés les basques depuis le début de cette fuckin story (and boodin too!) je suis prêt à parier que ce n'est pas un vendredi !

j'avais à peine griffonné ces lignes qu'une voix étrange et pénétrante surgit de la sylve environnante (etc etc ... fuckin adjectifs KalifiKatifs !) et dit :

"Io man ! Moi Vendredi ! toi Mrs Robinson !"
et une sono d'enfer (vert) cracha plein pot :

And here's to you, Mrs. Robinson,
Jesus loves you more than you will know.
God bless you, please Mrs. Robinson.
Heaven holds a place for those who pray,
Hey, hey, hey

Anonyme a dit…

Ni une ni deux le type qui prétendait s'appeler Vendredi, un genre de post-hippie au profil pré-colombien, se lança à ma rencontre ; je n'étais même pas surpris du fait qu'il marchât sur l'eau de l'Onéroque, non l'Orénoque, enfin ce foutu fleuve en oque.

Il fut d'ailleurs très vite au-devant de ma pirogue qu'il stoppa d'un habile mouvement de gros doigt de pied. Il accompagna son geste d'un sonore "Et toc !" repris dans la sono.
Les guitares des Simounkel se turent, laissant flotter encore quelques instants les derniers échos de ses deux derniers mots : et toc...toc...oc...c...

Le show avait de la gueule, mais le type un peu moins : d'abord il était pourvu d'une pilosité sans égale, simplement vêtu d'un loqueteux pagne verdâtre et d'une chemise hawaïenne au jaune plus que centenaire. Globalement vieux, mais dur de lui donner un âge. Enfin, le type dégageait une insistante odeur d'encens bas de gamme.

"So So" reprit-il, "tu es aux portes du paradis mon bonhomme, où à celles de l'enfer, c'est tout comme. Ta destinée dépend des réponses que tu feras au questionnaire de Mr Paul."
Et il tira de sous son pagne un imprimé A4 curieusement net et blanc qu'il me mit sous le nez.

Tel un baron noir dans son aéroplane noir, je clignai doucement de l'oeil.

Anonyme a dit…

Œil que je jeta négligemment sur l'imprimé.

Question numéro 1: Quel est le prénom de l'inconstante Lady Chatterley?
-Constance! m'ériai-je.
-Oui, mais vous n'étiez pas sur un camembert. Continuez, lança mon Julien Lepers de service.

Question numéro 2 : De quoi protège un gilet anti-Schnarpel?
-Oh putain, j'l'ai déjà eue! Euh...
-Désolé. Les règles sont les règles. A moi...

Anonyme a dit…

Il tourna son oeil torve vers moi d'un air fripon.
- Entrons dans le vif du sujet, mon gaillard. Tout celà n'était qu'une mise en bouche.

CHAPITRE 121 BIS : LE QUESTIONNAIRE

QUESTION 3 : Avez-vous des origines étrangères ?

QUESTION 4 : D'où viennent les martiens ? (question piège).

QUESTION 5 : Vous n'êtes pas obligé de répondre à la question 5.

QUESTION 6 : Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Mais que valent deux paires de baskets au marché noir de Caracas ?

HK/LR a dit…

Il se mit vociférer de plus en plus violemment

QUESTION 7 : qui c'est le blond? Simon ou Garfunkel ?
QUESTION 8 : y a -t-il des bananes plaintains dans la recette du boudin aux pommes ?
QUESTION 9 : si je vous dis "flan" à quoi pensez vous ?
répondez nom de dieu ! répondez !
QUESTION 10 : le mot cabat s'écrit il avec un s ou un t ?
QUESTION 11 : porter un pyjama en pilou pilou est il de gauche ou de
droite ?
QUESTION 12 : quelle sera la question 13 ?

Il tourbillonait autour de moi comme saisi de la danse de Saint Guy

QUESTION 13 : date de naissance de Saint Guy ?

Je ne pus me retenir :
REPONSE 14 : ta gueule !!!!!

Anonyme a dit…

Il fit encore quelques tours, et s'arrêta lentement. "Floc, floc", fit la pirogue que ce tourbillon verbal avait un peu fait tanguer.

"Euh..."
Je crois qu'il avait un peu le tournis.
"...c'est..."
La pirogue se stabilisait progressivement.
"...une BONNE REPONSE !!! Bravo mon ami, vous avez gardé tout votre sang-froid, un tact imperturbable, un aplomb extraordinaire, et le jury a été littéralement emballé par votre détermination et la clarté de votre réflexion durant ce difficile exercice de prise de contact. Vous avez souffert et nous en sommes conscient ! Restez calme, gardez cette paix impénétrable qui fera peut-être un jour de vous l'homme sage que vous aspirez à être, et entamons ensemble la deuxième phase de notre grand jeu, au terme de laquelle vous deviendrez peut-être l'heureux propriétaire d'une parcelle de forêt amazonienne - oui, vous aussi ! Et n'oubliez pas que posséder est l'un de vos droit le plus irréductible, le plus inaliénable, le plus élém...
- Ta gueule, s'il te plaît...

Anonyme a dit…

- Quoi ma gueule ? crut-il bon d'ajouter...

Mon sang ne fit qu'un tour, je lui décochais un coup de pied dans le menton et répondit :
-"Ta gueule est rance mon pauvre et j'en ai marre de cette errance, je veux ACCOSTER ! Dusse-je pour cela utiliser ton fémur en guise de gouvernail !"

Anonyme a dit…

Notule :

Ceci est environ (selon les dernières études scientifiques, sachant que nos chercheurs sont à la pointe, mais que rien n'arrête le progrès, et que la marche de la civilisation est en route) la moitié de notre roman. Chers lecteurs, bravo à vous, un bon d'achat à remettre en caisse pour le lot de boudin identique, et dieu bénisse la reine.

mais le chapitre 121 bis se poursuivait par une nouvelle question plus meurtrière encore

Spin osa a dit…

et alors qu'il déroulait sa rallonge secteur noire pour se pendre à un bambou nain, il fut électrocuté par cette question:
"une fiche bipolaire peut-elle être caractérielle?"

Unknown a dit…

Ainsi, je me retrouvai seul dans la forêt obscure. La simple idée de regagner ma chaloupe me donnait le mal de mer et je décidai, quoiqu'il advienne, de rester sur la terre ferme. J'avisai un sentier un peu plus loin, sans doute celui qu'avait emprunté Vendredi. J'espérais qu'il me mènerait à la civilisation, ou du moins à quelque présence humaine.
À l'entrée du chemin se dressait une pierre d'un autre âge. En m'approchant, j'y déchiffrai une inscription en latin. Par chance, j'avais fait latin première langue. Je traduisis mentalement :

"Par moi on va dans la cité dolente,
par moi on va dans l'éternelle douleur,
par moi on va parmi la gent perdue.
Justice a mû mon sublime artisan,
puissance divine m'a faite,
et la haute sagesse et le premier amour.
Avant moi rien n'a jamais été créé
qui ne soit éternel, et moi je dure éternellement.
Vous qui entrez laissez toute espérance."

Anonyme a dit…

"Quel curieux mode d'emploi !"
A vrai dire, je n'y comprenais pas grand chose, mais tant pis : ce petit chemin me faisait vraiment trop envie.

Qu'il était bon de marcher parmi les arbres ! Un vent chaud faisait onduler les palmes et caressait mes tempes. L'odeur de la terre humide emplissait mon coeur de sérénité, et même les cris des animaux semblaient m'inviter à de douces réjouissances. Je me surpris à fredonner un air que j'avais oublié depuis des années :

Anonyme a dit…

"L'été dernier, fatigué, je suis parti sur une chaloupe,
Bronzer ma carte de crédit à la Guadeloupe.
Dans un palace en bambous j'ai rencontré Banana,
La fille du roi des vaudous qui m'a fait un truc extra.

Mais qu'est-ce qu'elle t'a fait Banana?

Tirelipimpon sur le Chihuahua.
Tirelipimpon avec la tête avec les bras.
Tirelipimpon un coup en l'air un coup en bas.
Touche mes castagnettes moi je touche à tes ananas!"
-Ah j'adore...

Anonyme a dit…

Moi-même, j'aurais bien lutiné quelque ananas, mais malheuresement, la végétation environnante semblait bien pauvre en denrées alimentaires. Fichtre ! Une vieille dalle se pointait, et mon appétit grandissant semblait devoir durer.
"- Tu n'as qu'à sucer tes dents", me dit ma petite voix intérieure que j'appelle Thierry. Thierry est un gars sympa qui n'en fait parfois qu'à sa tête, c'est à lui que je dois les irruptions spontanées d'ex chansons à succès chantées par des rejetons de psychanalistes au physique ingrat.
"- Foutre, ce chemin est rudement long" me dit Thierry.
"- Acheter une livre et demi de viande hachée, haricots en boîte plus chips..." se mit-il à fredonner.
Soudain, quelque chose. Un poteau planté dans le sol indiquant le nom du bled local.
DITÉ
était-il écrit sur le pannonceau à l'aspect ridicule (Thierry me dit : "ridicule comme un opercule")

HK/LR a dit…

Dité ? Dité ?
je perplexai ferme devant ce mot .
Les lettres avaient été tracées par une main fort malhabile . Je m'approchai et touchai du doigt un des caractères , portant ensuite - par je ne sais quel hasard - le dit doigt jusqu'à mon nez , je m'exclamai :
"mais ça pue la merde ! "

Quel graffiteur scato avait donc jugé bon de tagguer ainsi un pannonceau ? Je tentai de percer ce que les vieux romans exotiques d'antan appelaient la "muraille végétale" qui m'entourait , m'attendant presque à voir apparaitre une horde de babouins en casquettes-baskets avec d'énormes ghetto-blasters crachant un rap style free-jungle !
Mais rien . Que du vert et encore du vert ! J'avais l'impression d'être immergé dans un océan de salades !
"Personne n'a de sauce vinaigrette !" me retins-je d'hurler.

Unknown a dit…

Soudain, je sentis une présence au-dessus de ma tête.
Il y avait là un petit personnage qui se balançait sur une branche, une fillette avec des cheveux noirs, de grands yeux lumineux et un sourire espiègle.

- Qui es-tu ? lui demandai-je.
- Je suis Tranche de Rozette. Je suis ton dieu.

Elle me tendit un morceau de saucisse :
- Ceci est mon corps donné pour toi. Mange ceci en mémoire de moi.

J'avais faim, éperdument, mais je me méfiais.

- Impossible, refusai-je. Je suis mulsuljuif.

Elle me tendit alors une coupe de vin. Même de loin, je pouvais sentir un Bourgogne du meilleur cru.

- Bois-en, car ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, versé pour la Multitude, pour le pardon des Péchés.

Je ne pus résister.

- Finalement, je ne suis que Juif, expliquai-je.

Je bus avidement.
Le petit Être malicieux disparut alors, soudainement, et laissant éclater un rire qui ne me disait rien qui vaille.

Anonyme a dit…

Je me sentais bien seul, après le départ de ma déesse charcutière. Le simili-picrate m'avait laissé un goût amer dans l'arrière-bouche. J'avais été abusé par un nez des plus animaux qui pouvait laisser présager une cuisse charnue et une rondeur déliquescente. Je compris d'où provenait ma déconvenue oenologique en humant brièvement l'air de Dité.
Ca sentait la merde.
J'étais seul comme un âne au milieu d'un village fantôme, portant le nom imaginaire d'une cité infernale dont le dernier occupant avait laissé derrière lui une vieille odeur de merde.
Je m'aventurai entre les ruines de cahutes indigènes, la main protégeant mon odorat délicat de ce fumet tenace qui n'était pas sans me rappeller mes jeunes années en couche-culotte. Je crois l'avoir déjà souligné, je fus moi-même autrefois conquis par la scatologie. Mais la découverte de cette cité engloutie sous la merde me faisait méchamment flipper. Ce devait être l'oeuvre d'adeptes siphonés d'un nouveau culte bizaroïde, d'une secte dont l'huile de ricin était l'hydromel, ou d'un monomanique porté sur de bien étranges pratiques.
La ville était pleine de crottes de toutes tailles. Il y en avait partout. C'était le temple du caca.
Alors que j'allais frapper à la porte d'une bicoque en ruine devant laquelle un hamac rempli d'étrons se balançait dans la brise nauséabonde, je fus ébahi d'apercevoir la silhouette d'un homme accroupi au dessus d'une amphore. Il portait une moustache, une cravatte aux armes du Canada et un sous-pull.
Je l'abordai, avec l'espoir d'avoir le dernier mot.

HK/LR a dit…

"euh .. oh la .. monsieur .... mon brave ....aubergiste .... sir ... my sweet lord ... may I introduce myself ? "
La moustache se retourna vers moi .
- "Abrège mec !"
Ce relachement langagier constrastait indéniablement avec la moustache , très "armée des Indes" , et la cravate . J'en fus surpris , bien qu'étant donné la situation d'enonciation dans laquelle nous nous trouvions, le moustachu des Indes avec sa cravate canadienne et moi , un "relachement" langagier n'était pas particulièrement déplacé . D'autres s'étaient visiblement "relachés " dans nos alentours , et pas que du langage .

- Euh ... je vous baille le bonsoir ou le bonjour ... ou bon appétit ... euh ... à la bonne vôtre en quelque sorte !"
J'aggravai mon cas à chaque syllabe qui sortait de ma bouche , je le savais .

- Ca va ? ça boume ? labès ? no news good news ? e pericoloso de se pencher sur les amphores vous savez ... euh ... italiennes ... parce que sur les amphores en pleine jungle no problem man ! ça baigne ! c'est tout good ! comme disait ce vieux Glenn ... euh .. vous aimez Bach ?

Là , pour le coup , je n'aggravais plus rien , j'étais parti en vrille , le moteur était crâmé , et j'avais - comme d'hab - pas de parachute !
Ma seule issue de secours c'était la moustache à cravatte . Elle seule pouvait me tendre une main secourable .

Anonyme a dit…

-Tabernacle! dit-il, avec sa moustache, sa cravate et un léger accent hongrois.
A ce mot, j'entendis des pas lourds s'approcher inexorablement de moi, un rythme régulier parfait, une puissance sonore digne du meilleur Dolby Surround.
Tension paroxystique.
Le bruit des pas redoublait. Il devait y avoir une armée dans cette forêt.
Tap tap tap tap. J'entendais mais ne voyait rien.
Tap tap tap. Ben non, désolé je les vois pas.
Tap tap. Tiens, c'est bientôt la fête des mères. Cette année, plus de fleurs. Un bijou c'est mieux. Oui oui, c'est mieux.
Tap.
Merde. J'avais rien vu venir. Ils étaient là, tout autour de moi. Une armée terrible. Chaque homme avait une tête de fou furieux sanguinaire. Mais le plus étonnant, c'est qu'ils avaient tous la même.

Anonyme a dit…

"Blibli !", fis-je en signe de détresse, mais cela ne donna absolument rien.
"Dis-donc, l'étranger..." L'un des hommes, qui ressemblait à tous les autres d'une manière très singulière, et que je devinai être le chef de la meute, s'était approché de mon visage crispé.
"...tu sens pas comme une odeur ?"
Toute la troupe se fendit d'un éclat de rire général.

Anonyme a dit…

Les hommes se turent exactement en même temps. Le silence était revenu aussi brutalement qu'avaient éclatés leurs rires sardoniques. Un silence un peu longuet d'ailleurs. Les hommes étaient là, immobiles et impassibles. Comment sortir de ce guêpier?

Un long "pfuiiitt" vint troubler cette ambiance oppressante, aussitôt accompagné d'un "prouout" du plus bel effet.
En une fraction de seconde, les soldats s'étaient mis à péter comme un seul homme. Quelques rictus tordaient leurs bouches inquiétantes.
Je me revoyais sur la plage de Valet, où tout avait commencé, au beau milieu de la foule en délire glouglouesque, traversée par des spasmes fantastiques et mystérieux.
Mais ici, cette étrange symbiose trouvait son fondement au loin, dans les entrailles de chacun jusqu'au relâchement de ses sphincters. C'était une sorte d'union de confraternité anale.

Je commençais à comprendre d'où sortait toute cette merde, et que, subséquemment, j'allais être dedans jusqu'au cou.

Le moustachu bondit de son amphore et remonta vite fait son pantalon.

Anonyme a dit…

Chapitre K 16 : MYSTIC REVELATION OF THE REVENGE OF THE ARMY OF THE SHIT.

Dans la merde jusqu'au cou, j'eus soudain une révélation mystique en mattant l'immonde autochtone du Nouveau-Brunswick remonter sa fermeture éclair. Un brouillard nauséabond dans lequel perçait un soleil rasant vint soudaint irradier mon visage, et je me tournai vers les vieux, comme appellé par un dieu en qui je n'osai plus croire. On aurait dit (c'était l'image que je voulais donner) l'extase de Sainte Thérèse du Bernin dans la nouvelle église de la congrégation du caca.
Les gars de l'armée des clones n'avaient pas l'air très fute fute, leur patron francophone non plus. En un tournemain, il me suffisait de faire preuve d'un peu de clairvoyance et de persuasion pour prendre le commandement de cette force de frappe sur-puissante, qui pourrait peut-être me permettre de revenir en messie dans la sainte mère patrie, de sauver Valet de l'immondice boubinistico-gélatineuse, et venger Clarky pour qui sait, peut-être retrouver sa trace.
Pour celà, il me fallait d'abord neutraliser le moustachu en sous-pull, et brosser les clones dans le sens du poil, réveiller en eux la fibre honnorifico-nationaliste, en leur servant un discours digne de Mel Gibson dans Braveheart.

Je m'emballais... D'abord, neutraliser le québecois de mes fesses...

Anonyme a dit…

Avec sa horde de mercenaires pétomanes, mes chances de gagner au combat loyal étaient j’allais dire inexistantes, je dirai limitées. Je décidai donc de le brosser dans le sens du poil de moustache.
-Euh, comment dirais-je, vous y vous vous y retrouvez, là, avec vos clones ? baffouillai-je.
-Oh bien sûr. Je connais chacun d’entre eux. Lui, par exemple, c’est Dupond. Et là, Dupont.
-Ah oui ? Et l’autre, là-bas ? Je pointai du doigt un gros balèze, identique en tous points aux autres, à 25 mètres de nous environ.
-Oh lui ? C’est Dupond.
-Ah d’accord…
-Lui, c’est Dupont, et l’autre à coté, c’est Dupond. Juste à sa droite, là, c’est Dupont, et encore après, c’est Dupond.
-Ah oui ? Tiens !
- Là c’est Dupont et ha ben tiens il nous fait coucou, c’est Dupond.
-Je crois que j’ai compris. Le gros là-bas, c’est Dupond !
-Perdu ! C’est Dupont !
-Attendez attendez attendez…Ah oui, d’accord...Le très vilain là-bas, c’est Dupond !
-Héééééééééééééééééé non. Lui, c’est Bunck. Comme certains sont frères, on pourrait les confondre, donc je les ai affublés d’un sobriquet ridicule.
-Bunck, ça va, moi je trouve. Ça fait juste un peu militaire.
-Oui, mais les autres (il s’esclaffe), c’est Papatte, Nono et Yepicai, pour ne citer qu’eux !
Quel homme cruel, pensai-je.

Anonyme a dit…

- Et là-bas, celui qui fait le con avec son frère, c'est Fab, le petit dernier.
Tout en observant d'un oeil circonspect le moustachu en sous-pull violet (qui portait aussi des collant beiges comme s'il s'apprêtait à revêtir une combinaison en gore-tex et à chausser ses skis de fond), une réflexion étrange autant que bizarre vint parasiter ma tentative de putsch et d'assassinat. Ce n'était pas la première fois que des personnages rencontrés dans cette aventure se multipliait de façon inexpliquée. Je repensais à l'étrange sosie difforme de Clarky que j'avais pu observer à la morgue avec l'inspecteur Burné... C'était quand même chelou, me dis-je.

Voulant avoir une explication, je m'excusai auprès du gourou chieur pour l'interruption des présentations, lui demandant si je pouvais lui taxer son portable pour passer un cou de fil à l'un de mes meilleurs potes du collège, Renard Murder, aujourd'hui employé aux services secrets du Bureau Fédéral d'Investigation québecois au service des dossiers déclassés, également appelés les dossiers hixe, où Hisk Flies.

Anonyme a dit…

-Nan!
-Allez, passe-moi ton portab!
-Nan!
-Allez quoi!
-Nan nan et nan!!
-Si tu me l'passes pas, je révèle au monde entier que tu chies dans les amphores.
-...C'est pour appeler où?
-Au Québec.
-Ah. Bon ben alors d'accord mais tu me grilles pas mon forfait, hein?
-OK.
Ah le con, on n'était même pas au Québec. J'allais ruiner sa descendance sur au moins 3 générations.
Je m'éclipsai par un vague prétexte portant sur la fête des mères.
-5 minutes, pas plus!! me lança t-il.
C'est ça, Ducon, lui rétorquai-je dans ma tête.
Étonnamment, je me souvint du numéro de mon vieil ami. (Les méandres de la mémoire sont impénétrables, quand on est dans la merde)
-Allo, Renard?
-Pas du tout, je suis Jerry Lewis Trondheim. Depuis que Renard a été viré, nous formons un duo comique et ça tourne pas mal.Mais je peux vous le passer.
-...
-Allo j'écoute!
-Renard?
-Ouaip!
-Je viens d'avoir Jer...
-Ouais je sais, je sais
-Mais tu...
-Ben ouais. Après l'affaire du Ouatère guète, on m'a relégué à la surveillance de 2 tours jumelles et puis...

Deux tours jumelles...Tiens tiens...me dis-je.
-Et ça marche, votre pestacle?
-Du Tonnerre! On joue au Créziorse ce soir, justement. Je peux t'offrir une place si tu veux...
-Non, non, ce soir je peux pas, une autre fois peut-être!
-Super. Ben à la prochaine!
-C'est ça. Et Merde pour ce soir.
-Je dis pas merci, hein, allez bye bye bisou bisou!
-Ciao!

Ben ça alors! Avec Jerry Lewis Trondheim.

Unknown a dit…

La piste Mulder semblait compromise. Je passai donc au plan B : séduire le Canadien et le convaincre de m'accompagner à Valet avec son armée.
Je commençai, de mauvaise grâce, par sortir cinq euros de mon portefeuille pour le dédommager du coup de fil.
Mais quand je lui proposai cette coquette somme, il refusa avec un mépris non dissimulé :

- Il n'y a aucune place pour vous à Dité. Retournez en Bretagne et trouvez un travail utile. Je vous souhaite tout le succès possible.

Je me levai.

- Vous intéressez-vous aux tours jumelles ?

La voix du Canadien devint subitement sèche.

- Pourquoi le demandez-vous ?
- Simple curiosité. J'ai peut-être une piste.
- Laquelle ?
- je dois garder cette information sous réserve jusqu'à ce que certaines conditions soient acceptées.

Le Moustachu se renversa en arrière contre le dossier de son siège.

- Quelles sont ces conditions ?
- Elles sont purement personnelles. Mais vous ne vous souciez pas de ce genre de chose. Somme toute, nous ne sommes pas des amis intimes.
- Exact, soupira le militaire. Néanmoins je vois qu'il me faut écouter ce que vous avez à dire.

Il désigna un fauteuil.
- Soyez expéditif, je vous en prie.
Je m'assis.
- Peut-être suis-je hypersensible, mais il me semble que nos relations ne se sont pas établies sur un pied aussi plaisant que je ne l'avais espéré. Après tout, je suis un étranger et vous me devez l'hospitalité.
- Allons, ne gâtons pas l'atmosphère par des récriminations ou de vains regrets.
- Je ne puis vous forcer à me témoigner de l'amitié, mais je suis en droit d'exiger la considération qui m'est due.
- Mon cher, dit le Militaire encravaté, en ce qui me concerne, c'est exactement ce que vous recevez.
- Vous pourriez manifester cette considération un peu plus ouvertement.
- Chacun a ses façons de faire.
- Très bien, je tiendrai donc votre considération pour acquise. Puis-je vous emprunter votre armée ?
- Ce serait on ne peut plus mal accueilli. À quel salaire, d'abord ? Et avec quelles perspectives d'avenir ?

HK/LR a dit…

Je ne me laissai pas désarçonné et tout de go promis :
"Brillant ! Super brillant ! un avenir si brillant qu'il rendra folles de jalousie les étoiles ! un avenir encore plus brillant que le formica de la table de Tata Fanny qui pourtant passait une heure par jour à la faire briller ! brillant comme le Trésor de Barberousse !
bref un avenir en habit de lumière !!!
- Olé !!!
D'un seul gosier la bande de clones venait de pousser ce cri
d'approbation .
Putain ! j'étais en passe de devenir un vrai meneur d'hommes .
le moustachu doucha cependant mon enthousiasme en me demandant :
"Et question pèze ?"
Je faillis parler de règlement en queues et en oreilles , mais in extremis je m'abstins .
"Rubis sur l'ongle ! ça sera réglé rubis sur l'ongle"
Ca n'engageait pas à grand chose mais cela sembla satisfaire mon interlocuteur .
"En guerre donc ! Sus aux ennemis !boutons les hors de Valet !"

Anonyme a dit…

Sous moi donc cette troupe s'avance,
Et porte sur le front une mâle assurance.
Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort
Combien nous verrons-nous en arrivant au porc ?

Et Dité ?
Nous la quittions sans connaître son histoire.
Cité mystérieuse et nauséabonde. Dité, Dité…
En vagabondant dans ces sonorités, mon esprit s’abîma dans quelques rêveries virevoltant entre les mots. Dité. Edité.
Si un jour je sortais vivant de cette histoire, je me jurais d’écrire mes mémoires. Un titre ronflant du genre « Re-tacle sur Vécés » ou encore « Vrai Sac sur-lavé », mais là, je mégarais.
Pourquoi pas « Pestac’ sur Galets » ?
On verra bien. Et pis, y’aurait aussi une adaptation cinématographique ! Plein de scénaristes connus réécriraient ma vie. On pourrait donner mon rôle à ce vieux Clarky. Clarky, bon dieu, es-tu encore en vie ?
Ce qui était sûr, c’est qu’Arlette-Joanne Zone serait Tranche de Rozette ! Et un seul cinéaste possible : Lars Von Truie.

Anonyme a dit…

- Ah, mais zut, dis-je d'un air contrit.
- Quoi donc ? firent en choeur 35 guerilleros adipeux.
- Je suis pas sûr que notre troupe parviennent à emprunter le chemin que j'ai pris à l'aller.
- Comment ça ? s'écria la moustachu au bord de la crise d'apoplexie (faut dire que le gonz était, je devais m'en apercevoir par la suite, une lichette émotif)
- J'ai pris un raccourci légèrement dangereux pour venir jusqu'ici.
- Olé !!! répondirent les vaillants gringos, désormais galvanisés par la perspective de casser du Breton.
- Va falloir se serrer la ceinture si l'on ne veut pas transformer cette glorieuse expédition en film gore. Bon, tout le monde à la diète !
La scène ressemblait à s'y méprendre à un tableau de Delacroix.
Pauvre Christine, elle allait passer un sale quart d'heure, me dis-je intérieurement, ne pouvant contenir un rire vengeur de mauvais goût qui me resta sur le coeur comme une mauvaise crêpe aux pétoncles.

Anonyme a dit…

Tels de vaillants spéléologues, les gringos, leur moustachef et moi-même nous engagèrent dans les méandres christiniens, guettant en permanence cette petite fente de lumière, au loin, qui nous disait : "viens, je suis l'issue". Il fallut s'aplatir, ramper, se hisser, la tête la première, l'orteil le premier. Nous perdiment 1 duponts et 3 duponds. Mais c'est pas grave : ils avaient en effet la faculté de se recloner aussi sec. Ils maintenaient ainsi leur effectif constant.
A l'approche de la sortie, des sons commencèrent à se faire ouir. Flous, d'abord, puis de plus en plus nets : il me semblait reconnaître un bruit canin, mais le plus étrange, c'était cet air lancinant. J'aurais juré sur la tête de Julien Lepers qu'il s'agissait d'une stratocastor. Quant à la mélodie...
Tout près du trou de Christine, nous fûmes violemment happés par un effet de poire et expurgés tels 37 petites crottes de biquettes abasourdies. Atterrissage sur le carrelage de cette foutue taule. Christine, exsangue, gisante. Et surtout Bobby, petit prince de mes couilles, toujours là, ululant "la bonne nouvelle, et avec votre esprit, parmi les siècles et les siècles, IL EST REVENUUUUU"

Anonyme a dit…

Je me ravisai lorsque j’eus constaté le petit effet produit sur le commando de choc qui m’accompagnait : les cloclones et le Canada Dry poilu furent littéralement scotchés par la tournure messianique que prenait notre expédition. Bobby en faisait des tonnes avec ses « Gloire à Moi, son Dieu… » et autres « Freddy revient parmi les Siens », et je parachevai la top-frime avec un petit coup de lévitation, sous les hooooooooooo des guerriers médusés.
Bobby entamait Alléluia, par Djeff Butlè, à la Stratocastor, par lui-même.
Ce n’est qu’au plafond, qui offre une vue imprenable (on s’en rend compte trop rarement) que je vis notre cauchemar : non seulement Christine Boutin reprenait ses esprits, mais en plus, elle était en compagnie de Roselyne Bachelot. Le choc fut violent et je tombai net devant l’antre de Christine. Je fus happé une nouvelle fois par son trou béant mais moustachef aggripa ma main, secondé par sa horde de lieutenants. Extirpé non sans mal du piège maléfique, je m’aperçus que la chatte à la Roselyne s’y mettait aussi. Il était clair qu’on ne s’en sortirait jamais, qu’elles nous épuiseraient un à un pour nous perdre dans une dimension parallèle. Il fallait agir. Canada Jim me tendit un objet, sorte de grenade allemande de la première guerre qui ne me disait rien qui vaille. Nous luttions tous pour ne pas nous engouffrer. Je vis la stratocastor, suivie du chien, traverser la pièce pour se perdre dans les entrailles du monstre. Papatte me noua une longue corde autour de la taille, Yepicaï me tapa dans le dos. Ils avaient confiance. Je ne pouvais plus reculer.
Je décidai de commencer par Christine. Mes muscles se relâchèrent, j’abandonnai toute résistance, mes pieds quittèrent le sol et je franchis avec fracas le sanctuaire de Christine. En plein vol, au milieu des parois caverneuses, je stoppai net : hardi petit, les gars ne m’avaient pas lâchés, tout le monde se cramponnait à cette foutue corde. J’attendis qu’ils récupérassent de l’effort violent provoqué par l’arrêt brutal de ma course jusqu’à sentir un léger mouvement en arrière. Ils réussissaient à me ramener vers eux mais je savais que le temps m’était compté.
1 La simili-grenade est dégoupillée /
2 Je balance l’objet / 3 EN ARRIERE TOUTE !
Je sortis de Christine à la manière d’un bouchon de champagne, un chien et une guitare sous le bras, dans un dernier effort de mes valeureux tireurs de corde. Sous les grognements affreux du monstre, on s’étala tous la gueule par terre ou sur le mur de derrière. On entendit hurler une dernière fois Chri-chri puis elle implosa.
La tempête s’arrêta. Un peu. Roselyne s’y remit de plus belle, pleurant et ânonnant, criant vengeance. Le souffle reprit et le chapeau de Nono alla se perdre dans l’univers moite de ses abymes. Roselyne regarda l’objet lui rentrer dedans, baissa la tête vers son entre-jambe et se sentit happée. Sa nuque se tendit, son dos se courba, et sa tête vint se loger à l’endroit exact qu’il fallait pour faire bouchon.
On resta comme 38 ronds-de flans.
Un rire d’abord nerveux vint nous secouer et puis finalement, on ria de bon cœur.
Si j’avais su qu’il suffisait d’un chapeau…me dis-je, amer, mais en y réfléchissant, je finis par conclure que je m’en étais sorti indemne et grandi : j’avais gagné l’estime de la troupe. Pour la première fois, j’étais un héros. Et peut-être un chef.
Beurk, moi qui étais anarchiste. Chef. De soldats. Beurk.
Mes yeux s’arrêtèrent sur l’objet genre grenade, qui jonchait là, sur le sol. Il semblait avoir été inutilisé.
-Moustacanachef, vous pourriez m’expliquer ce qu’est cet objet et pourquoi il semble encore en état de marche ?
-Affirmatif.
-Hé bien allez-y.
-Cet objet est un aspirateur atomique. Tous les atomes, particules, molécules et petits bidules de Christine Boutin ont été absorbés par ce truc.
-Vous voulez dire qu’elle est à l’intérieur ?!
-Affirmatif.
-En vie ?!
-En quelque sorte oui.
Je restai dubitatif, lorsque Papatte m’adressa la parole.
-Euh, avec l’équipe, on a décidé de vous confier les 3 aspirateurs atomiques qui nous restaient.
-Eh bien soit, je les accepte, répondis-je, sous l’œil noir de l’homme à moustache.
Nous observâmes une dernière fois le pitoyable spectacle de Roselyne, assise par terre, la tête dans le cul, en rigolant et sortîmes.

Unknown a dit…

- Où est le bateau ? demandai-je à Bob.
- Volé par Barbe-Rousse, me répondit-il.
C'était embêtant. J'étais coincé, avec 38 clones, 1 moustachef, 1 Bob extraterrestre, 1 Roselyn en boule, 3 grenades atomiques dont une contenant Christine, sur l'Île de la Tortue.
- Quel est l'état de nos finances ? demandai-je à Moustachef.
- Nos finances sont au plus bas, me répondit-il, non sans un malin plaisir car il était jaloux.
Je pris un air dégagé :
- Aucune importance...
Je sortis ensuite sur le port pour étudier nos possibilités. Par chance, la maison de Christine et de Barbe-Rousse donnait directement sur les quais. À cette heure matinale, les rues étaient désertes. Je flânais une bonne demi-heure avant de dégoter un rafiot visiblement à vendre, comme semblait l'indiquer un panneau placé juste devant :
" À l'acheteur hésitant :
Si des histoires de mer aux chansons de matelot,
La tempête et l'aventure, la chaleur et le froid,
Si des goélettes, les îles, les robinsons marronés,
Et les flibustiers, et l'or bien caché,
Et toute la vieille histoire romanesque,
Exactement redite à la façon de jadis
Peuvent plaire, comme elles m'ont plu autrefois,
Alors ce vaisseau est fait pour vous."

Je relus l'annonce plusieurs fois avant de prendre ma décision, puis conclus que ce bateau était celui qu'il me fallait.
Restait à trouver le vendeur d'abord, l'argent ensuite.

Anonyme a dit…

D'abord donc, le vendeur.
Je passais la nuit dans un rade du coin, me disant que le chaland qui vendait cet esquif devait certainement traîner ses guêtres dans les environs du port, simple déduction que je me fis à moi-même après avoir ingurgité un verre de blanc local.
La soirée commençait à tirer en longueur. Un jongleur se baladait dans la salle en buvant un rhum-malabar. Un type reprennait au karaoké une chanson de Barney Spire.

Anonyme a dit…

Rien à faire : ce rade de Turtle Island ne semblait pas l'endroit approprié. Pourquoi le vendeur n'avait-il pas laissé d'adresse email sur sa pancarte ? Il me fallut conclure qu'il n'avait pas internet, et qu'il attendait donc les acheteurs devant son bateau.

"Youpi youpi one more loutre !" Le refrain hurlé en cœur par les quelques habitués du bar me donnèrent soudain une idée lumineuse : mon armée de clones allait me permettre de dérober le bateau sans difficulté.

Dès le lendemain matin, je postai l'un de mes soldats devant le rafiot, avec des consignes strictes : dès que le propriétaire pointerait le bout de son nez, il devait lui déclamer une tirade sur l'amour des crustacés, avant d'exiger que le bateau lui soit offert.

(La tirade ressemblait à ça :
"Crevette, langouste, homard -
Et toi, le petit crabe,
Vous êtes à la mer
Mais mon coeur est à vous :
Glouglou, glouglou, glouglou.
")

Curieusement, le vendeur mit deux jours à rappliquer. Sur une île où la seule perspective de divertissement était un musée de la tortue, notre petite troupe dût endurer des heures bien douloureuses. Ce furent donc deux journées interminables, passées à jouer au Memory, à me chamailler avec Mister Moustache, et à compter sans relâche 37 guerriers identiques qui n'arrêtaient pas de se disperser... Je me consolais en songeant que c'était sans doute le prix à payer pour sauver l'humanité.

Enfin, le surlendemain matin, le clone en faction revint du port avec un air guilleret : il avait rencontré le vendeur, un certain Georges Harissa, lui avait comme prévu trouvé un air un peu allumé, et comme prévu déclamé sa tirade.
J'envoyai sur le champ deux autres sbires avec les mêmes instructions. A leur retour, ils m'assurèrent que Georges Harissa avait sérieusement flanché en voyant deux hommes identiques répéter mot pour mot la même strophe.
Cinq nouveaux apôtres furent expédiés fissa sur le port ; ils me rapportèrent dans la minute que notre homme était prêt à craquer.
"En avant, toutes !" Et nous suivîmes 38 clones jusqu'au bateau tant convoité, au pied duquel un petit homme hagard se tenait en boule, l'air nerveux.

Je me présentai à lui et lui demandai poliment si son bateau était à vendre. L'homme resta muet ; il ne bougeait pas. J'allai renouveler ma question, lorsqu'il se redressa d'un bond, et me fixa droit dans les yeux, avant de répondre :
"Mon ami, je dois dire que vous m'avez impressionné ! J'ai été véritablement bluffé, que dis-je, touché par votre petite mise en scène !"
J'eus le souffle coupé : il avait tout deviné !
"Oui, j'ai tout deviné... J'ai aussi compris que vous n'aviez pas un rond, et que les curiosités touristiques de la ville vous avaient déplu. Pourtant, quelque chose me dit que j'ai tout à gagner en vous offrant le moyen de décamper."
Je ne savais plus quoi dire. Je venais d'essayer d'arnaquer un pauvre pêcheur, et il me donnait son bateau...
"Ne dites rien. Je n'ai jamais été pêcheur, et j'ai amassé une fortune colossale grâce à la contrebande d'huile de tortue... Mais passons !"
Je me sentais aussi misérable que le jour où j'avais perdu mon magnétoscope en essayant de retrouver la télécommande du lave-vaisselle.
"Dites-vous bien que ça arrive à tout le monde... Ne vous tourmentez plus. Vous avez une grande mission à accomplir, et vous y parviendrez. Mais à présent, soyez gentil : allez-vous en, et ne refoutez plus jamais les pieds sur cette île !"
"Bon, de toute façon on avait pas vraiment envie de revenir..." bafouillai-je entre deux sanglots.
J'eus soudain le désir féroce de lui expliquer comment la municipalité pouvait, moyennant quelques petits efforts, améliorer l'attractivité culturelle de l'île de la Tortue, mais le capitaine Bob sauta sur le pont du bateau en criant une phrase en hollandais, après quoi toute la horde se rua à bord.

Je ne sais pas pourquoi, mais juste avant de les suivre, j'ai donné deux grenades à Georges Harissa.

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